massacrons-nous dans la taverse (alchimistes)

Je mâchonne la cordelette autour de mon cou, celle qui marque mon appartenance aux alchimistes. La pierre retombe sur mon torse lorsqu'une voix s'élève, elle réclame notre attention. Je tends l'oreille parce que même si la curiosité est un vilain défaut l'héraut qui annonce une fête à la distillerie n'a pas pris le ton du secret pour s'exclamer alors j'estime que j'ai le droit d'être curieux ! « Niran. » Il sommeille dans son hamaque ( d'ailleurs ce truc j'me demande bien comment il arrive à contenir un humain, ça a été fabriqué à l'arrache. Ce qui fait que la partie inférieure de son corps décline vers l'avant pendant que le reste tient en équilibre par on ne sait quel miracle. ) Je penche ma tête juste au-dessus de la sienne, les bras croisés dans le dos. « Je vais à la fête. » Il roupille toujours. « Je te ramènerai des trucs sympas, style le caillou que j'ai trouvé l'autrefois. Celui avec une tête de panda, même si ça ressemblait plus à un ours... J'sais plus trop ce que c'était mais c'était cool. Tu te souviens ? » Il s'en carre complètement ou alors il a un sommeil de plomb, bon au moins je l'ai prévenu !

Je le tiens informé sur mes déplacements car il y'a deux ans de ça je m'étais perdu durant quatre très très très longs jours ( je sais même pas ce que j'ai foutu de moi pour en arriver là, faut vraiment être débile ! ) J'ai survécu en mode Koh lanta avec un couteau ( et encore c'était un bâton mais quand je raconte l'histoire j'dis que c'était un couteau parce que ça fait plus classe ) et une flasque vide qu'on m'avait envoyé remplir avec de la gnôle. ( J'te passe les détails... Enfin non, faut quand même que je te dise que je me suis battu avec une bête sauvage. Même si... C'est pas totalement vrai. En fait j'en ai vraiment vu une mais elle était hyper giga loin tu vois ? Y'a eu une vraie battle du regard, un truc intense. Que même la bestiole elle a flippé sa race de carnivore de la nature ! Puis après j'ai eu peur alors j'ai fui en utilisant mes compétences d'homme de la jungle pour me hisser jusque dans un arbre. J'ai attendu une bonne plombe avant de redescendre, c'était l'aventure d'une vie ! ) Tout ça pour dire que quand les gars m'ont retrouvé j'ai même pas pu trop me vanter d'avoir survécu à toute cette folle aventure parce que Niran il m'a carrément pété mon délire en me gueulant dessus comme si j'avais tué un chaton ( ça m'a pas fait plaisir de ouf sur le coup mais ensuite j'ai réalisé qu'il bah... Tenait à moi ? Alors on a fait un pacte de l'amitié en se promettant de ne plus trop s'éloigner de l'autre pour ne plus que ça se reproduise. Voilà tu sais toute l'histoire, c'était un peu long pardon ! )

Sur ce, je quitte mon copain pour aller rejoindre les autres.
Il doit être aux alentours de vingt et une heure ( en vrai je dis ça mais j'en sais rien, j'ai pas de montre mais je me fie au ciel et vu que j'ai pas vraiment les notions d'un astrophysicien mon estimation de l'heure elle est vachement à chier. ) Et c'est top parce que y'a déjà un tas de gens qui sont là ! Je souris pour moi-même en les voyant s'enjailler sur la musique et par l'effervescence générale. Je me faufile entre les fêtards pour retrouver Won Bin, faut que je le félicite, c'est lui qui a tout organisé !

« Hey ! » Je lui souris en lui désignant le feu de joie que certains alchimistes sont en train de mettre en œuvre. « C'est pour quoi faire tout ça ? On a prévu de sacrifier quelqu'un ? » Je plaisante avant de me souvenir que c'est pas la meilleure vanne à sortir, surtout avec la dernière histoire de meurtre ( je ne sais d'ailleurs toujours pas quoi en penser, tant qu'on ne m'oblige pas à m'en mêler moi tu sais, je fais comme si ça ne m'atteignait pas alors que... En fait, je suis plus retourné par le fait que le meurtre soit interdit seulement maintenant alors qu'avant tout le monde trouvait ça normal. Mais bon je veux pas rentrer dans ce débat, ça va m'attirer des ennuis. )

En parlant d'ennuis... Un jeu vient d'être lancé par un petit groupe, j'y entraine Won Bin en lui tapotant l'épaule pour lui faire signe de me suivre. Apparement c'est une compétition, celui qui réussira à ingurgiter le plus d'alcool en un temps limité aura l'honneur d'être sacré roi de la soirée et de la picole. Je suis tellement enjoué que je propose au chevalier : « On participe ? »

les mains dans les poches, la casquette sur la tête - qui ne sert pas à grand chose puisque la nuit est tombée, les lunettes de soleils sur le pif - encore moins utiles. un short long. des baskets. un débardeur noir. décidément, tu aimes le noir. tu te demandes pourquoi on te traite d'émo dans le dos, après ? avec tes cheveux noirs, ta tresse de jedi, ton aura sombre, tes piercings et ta réputation borderline. ce n'est pas le pétard tranquillement posé sur le coin de tes lèvres qui va adoucir ta silhouette. même si actuellement, t'es le mec le plus calme de la terre. tu as fais une sieste sous un arbre, il y a même pas une heure. t'as pris une douche, donc tu ne pue pas trop la weed. ouais à force de passer ton temps dans les serres pour superviser et t'occuper de tes plantes, l'odeur t'accompagnes partout. kylo ren est en mouvement. attention. tu ne vas pas n'importe où, non. t'es dans le quartier des alchimistes, rien que ça. du vert partout, de la nature. tu mets un pied devant l'autre, foulant l'herbe verte. tu soupires en ricanant légèrement. ça se fume pas, ça. chez les sages, c'est assez vert aussi, vous êtes des hippies après tout mais pas à ce point-là.

pourquoi chez les alchimistes ? pourquoi chez tes trois potes ? t'as eu vent d'une petite sauterie. genre, un mec a débarqué complètement défoncé - tu ne sais pas à quoi mais c'était pas vraiment de chez vous, il était bien trop speed - et il a hurlé à la fête chez les alcoolos. c'est pas ton genre, normalement. enfin, si, s'incruster pour faire chier, c'est définitivement ton genre. mais sans tes frères, tu te retrouves souvent seul, comme un gros solitaire asocial. bah oui, sans eux, tu deviens presque un adulte un peu culcul et ennuyeux. il te faut la puissance magique de la connerie de tes potes pour que tu puisses régresser mentalement et t'amuser comme un dingue. alors te voilà. brocéliande. parce que tu sais que c'est dagonet qui organise. ton dagonet. ton magicien. et il ne faut pas oublier son jumeau de connerie, et l'homme qui aimait trop les femmes. et les autres. oui, tes potes sont super stupides. alors faire la fête avec eux ? toujours.

putain que t'y connais rien en alchimiste. tu te perds environ trois fois avant d'apercevoir du monde se faufiler sur ta gauche. surtout que brocéliande, c'est censé être secret non ? la moité de l'île va s'y ramener. tout ça grâce à won bin. ça te fait rire. tu ne sais pas l'heure. dix heures ? le temps d'être informé. de te préparer et d'arriver en mode touriste. direct, les flammes attirent ton attention. si bien que tu retires tes lunettes. de toute façon, t'y voyais que dalle, t'as failli te prendre un arbre en arrivant. ce que tu repères vite fait, c'est won bin. de dos. tu le reconnaîtrais partout ce type. enfin c'est peut-être la cigarette magique qui fait effet mais bon. ça se trouve, c'est un inconnu. t'hésites même pas une seconde et tu te tapes un sprint, la weed entre ton index et ton majeur, faisant tomber des cendres au passage. tu sautes à pied joint, tu décolles tel un oiseau camé et tu atterris sur le dos de won bin, le faisant avancer dangereusement vers le feu. tu t'en contrefiche de l'impression complètent débile que tu donnes. tu n'es pas le sang kil un peu effrayant et instable de d'habitude, bah non, pas en présence de ta famille. tu passes tes mains devant son visage pour lui obstruer la vue au possible, lui foutant le filtre de ta cigarette magique sur le pif. « devine qui c'essssst. » voilà, instantané. t'as plus vingt-deux ans, mais dix ans. c'est efficace. t'es comme un gros sac sur son échine et tu l'obliges à te porter. tu regardes les autres. ils ont tous un verre à la main, et ils ont commencés un concours de beuverie, nice. « t'as commencé la fête sans moi, bravo. les autres sont déjà entrain de comater quelque part ? »  ça se trouve il est déjà complètement rond, les autres aussi. la beuh ne te permet pas d'être très réactif, mentalement parlant. tu regardes le jeune à vos côtés avec un petit sourire et tu lui tend ton pétard déjà à moitié consumé. « t'en veux ? fraîchement sortie de nos serres. faut toujours apporter un truc quand on s'incruste à une fête, non ? » tu souris, te repositionnant sur le dos de ta monture improvisée, won bin.

lorsque tu entends la voix de sir arthur, ta vieille connaissance, tu tournes immédiatement la tête vers sa direction. ton pétard est désormais entre les mains d'un jeune alchimiste que tu ne connaissais pas encore, mais voilà; vous êtes désormais liés par la mj. et la salive, dans un sens. tu retiens un petit rire, quand won bin répond de manière puérile à arthur. et tu lèves les yeux au ciel après. putain, tu n'as pas bien élevé tes gosses. mais regardes-toi, en même temps. tu fais à dada avec won bin. tu ne peux pas juger.

yi won te lance un regard, à toi, l'emo habillé en noir qui loge sur la colonne vertébrale de dagonet. tu te redresses un peu et tu lui souris. un sourire crispé. forcé.  tu t'es tapé l'incruste dans un endroit très secret, tu m'étonnes qu'il n'est pas content de te voir. tu ne penses pas que les sages seraient heureux de voir des alchimistes se balader dans les catacombes. « puis sang kil, qu'est-ce que tu fous là ?» « c'est parce que... tu vois, y'a ce mec... » tu n'as pas le temps de finir ta phrase, ton explication qui semble aussi vraie que ta tresse de jedi, que le roi lâche son sermon. il prend un ton faussement autoritaire - tu le devines - et essaye de chasser les fêtards autour du feu, d'un geste de la main pas vraiment enthousiaste. quelques uns reculent, ne voulant pas se frotter à leur leader. toi, tu te contentes de rester accrocher à won bin. tu remontes légèrement, puisque tu commences à tomber le long de son échine, resserrant tes cuisses sur ses hanches.

et arthur soupire mais succombe à la pression sociale.
la plèbe a parlé.

ou en tout cas, ils ont fait savoir qu'ils voulaient se détendre. les regards. le silence après les paroles du chef. et personne n'a bougé. il connait bien ses alchimistes, apparemment. toi, tu n'as pas vraiment compris ce qu'il vient de se passer. juste qu'il exige un verre. ça te fait sourire. et que won bin fait pression sur tes poignets pour que tu lâches prise. ce que tu fais, en crachant un petit cri très exagérer de douleur. les deux pieds à terre, tu regardes dagonet servir un verre à son seigneur avec une substance différente de ce qu'il te tend ensuite. tu vois bien que c'est différent. et ça te soulage. tu te dis innocemment que ça sera plus simple pour toi.

bois aussi, qu'il te dit.

tu attrapes le verre avec un regard suspect. tu es la suspicion incarnée, à ce moment. les yeux plissés, fixés sur ton frère. et tu regardes yi won. puis un autre vers le feu. t'as pas envie d'être la victime.
« c'est quoi ? parce que votre truc, là, je le connais bien. ça me fait gerber direct. » tu avances les narines vers le gobelet et inspire délicatement. une méchante grimace naît sur ton beau visage. tu tires sur la languette de ta casquette. te préparant. parce que t'as pas spécialement l'habitude. ils sont sympas avec toi, won bin, nam woo et compagnie, ils te font boire des petits trucs normalement. mais tu sens que c'est le niveau au-dessus, t'as un mauvais pressentiment.« ptin, si j'vomis, ça sera sur toi, mon vieux. et toi. » finis-tu en pointant du doigt won bin et le roi, successivement. aucun respect. t'es un leader aussi, après tout. tu avales une gorgée de la gnôle. un peu naïvement, tu te dis que won bin n'allait pas te faire boire un truc horrible dès le début.

et tu tousses. instantanément. plié en deux. tu tapes sur le mec à tes côtés. tu ne sais pas qui c'est. won bin, arthur, seo jin, ton pote de pétard, ou même un autre. tu ne sais pas. mais tu matraques son torse pour essayer d'oublier que ta gorge est en feu.

petite nature. c'est certainement pas le truc le plus fort qu'ils ont. mais toi, t'es pas si habitué que ça. et cette gnôle, elle est ignoble.