« Pourquoi tu râles encore, Kylo ? »Un sourire est discrètement dessiné sur ton visage et ta voix est amusée, un peu mâchée par le quasi-mégot que pincent tes lèvres. La soirée tombe et dehors, l'air se rafraîchit un peu, assez pour que tu puisse faire la différence lorsque tu entres à l'intérieur d'une serre, construction un peu rudimentaire, mais ingénieuse de plastique et de barres de fer.
Tes mains sont pleines alors tu ne peux pas cendrer, et l'extrémité consumée de ta cigarette chute lentement, de temps en temps, sur ton t-shirt. C'est le dernier de tes soucis - ce n'en est même pas un.
Tu tiens des boites en carton. Ça, c'est important. Pour le curing.
Est en train dérouler une scène pas si étrange si l'on prend en compte la personne qui se tient en face de toi. Tu manifestes un rire bref en expirant et poses les boites près de la porte.
Sang Kil.
Il est dos à toi, un joint dans la bouche, une brindille dans la main. Il n'était pas là quand tu es sorti (en réalité il était accroupi un peu plus loin dehors et tu ne l'avais pas vu en passant), et la venue de Kylo Ren annonce toujours quelque chose. N'importe quoi.
Là, elle sonne peut-être la 'fin de la journée'.
Journée qui fut plutôt productive, à vrai dire, autant qu'elle puisse l'être avec une telle ambiance musicale. Tu aime bien montrer aux petits padawans comment ça fonctionne ici, les taquiner un peu aussi pour ceux qui le veulent bien. Ce n'est vraiment pas ton genre de jouer à l'épouvantail à rookies. Tu peux concevoir que ça puisse faire un choc de se retrouver ici.
(Et parfois, tu continues de taquiner, n'est-ce pas Sang Kil. C'est gentil. Vraiment. Tu fais attention à ne jamais être blessant, bien que l'erreur soit humaine.)
Toi, ça fait deux ans que tu es là, et tu as eu le temps de t'habituer au microclimat tropical régnant à l'intérieur des serres. Il fait chaud et humide là dessous, et beaucoup d'odeurs se mélangent, épaisses, et peuvent prendre de la gorge jusqu'à la poitrine.
Ce n'est pas les plantes qui s'en plaignent. Bien loin de là, heureuses, vertes comme elles sont.
Quand Kylo recule sans regarder derrière-lui, tu as déjà déposé les boites un peu plus loin, près de la porte. Tu ne bouges pas. Tu visualise bien le truc : Sang Kil qui recule, recule, se prend les pieds dans quelque chose, tombe en arrière, se fracasse le crâne par terre, qui geint. Donc tu restes là, comme un pilier. En cet instant, tu es une colonne contre lequel ton acolyte se cogne.
Avec ses cheveux contre ton visage comme ça, tu as très envie d'éternuer, alors tu plisses légèrement le nez. Il lève la tête. Ça te fait un peu rire intérieurement, cette vue, mais tu te demande quand même ce qu'il fabrique.
« Anakin, mon joint est tombé. » Ah oui, tiens.
C'est le ton qu'il emprunte qui te fait lâcher un rire inaudible. Tu nous fais du boudin, Ben ?
Tu attrapes ta fin de roulée entre ton pouce et ton index pour l'éloigner de ton visage - fumer le filtre, non merci.
Tu ne bouges toujours pas, le laissant se décaler, et ton regard se baisse sur sa main, inexorablement interpellé par son bout de bois. Pour une raison ou pour une autre, il t'intrigue bien plus que sa question qui te fait néanmoins lever les yeux.
Cette fois, tu lâches un rire pour de vrai.
« Hé, tu trouves que j'fais peur ? » Tu vois dans son regard qu'il est sérieux, mais le tien, éternellement doux, résonne avec le rire que tu viens d'avoir.
« T'es terrifiant, oui. Surtout avec une brindille dans la main, » lui dis-tu avant de tourner le regard vers les quelques jedi en suspens autour de vous. Tu n'as aucune idée de ce qu'il a pu se passer ici, mais ils ont l'air d'observer Sang Kil comme on regarderait un volcan endormi depuis trop longtemps.
« Bon, » tu continues en haussant la voix dans le simple but de te faire entendre,
« c'est tout pour aujourd'hui. Bon travail, merci. » On dirait un prof, hah.Alors qu'ils s'activent tous vers la sortie, toi, tu t'avance dans la serre, dépassant Sang Kil, vers une table un peu plus loin. Où se trouvent un certain nombre de pochons. Très vite, vous êtes seuls.
« C'est pas grave, on va t'en faire un autre » (de joint)
« pendant que tu m'explique ce que tu fabriques avec ce bout de bois. »