i think this is mine (sungjun)

Jour de ravitaillement. Comme tout le monde, ou la plupart des gens sensés du moins, je suis allé au marché ce matin. Besoin d'échanger, de me ravitailler, de négocier au mieux pour les produits dont j'avais besoin. Je suis passé par là où crèchent les couilles molles, je n'ai pas eu le choix ; il fallait que je dépose quelque chose à quelqu'un justement et ce petit passage par leurs habitations m'a valu plusieurs longs regards moyennement appréciés. Attendez un peu le jour où vous passerez par chez moi, je n'oublie pas les visages de ceux qui me regardent de la sorte. Sur le chemin du retour, presque arrivé évidemment, je me suis rendu compte que mon collier avait disparu. Énervé contre moi-même de l'avoir perdu alors que je savais bien que la fermeture était défectueuse, je me suis empressé d'aller déposer mon barda à la maison avant de revenir sur mes pas pour chercher mon bien, vérifiant qu'il ne soit pas tombé par terre sur le chemin du retour.

Voilà comment je me retrouve à errer dans la partie centrale de l'île, me méfiant de tout le monde et jetant des regards affûtés ici et là, tantôt pour suivre des yeux un geste perçu comme louche, tantôt pour chercher le bijou perdu. Il pleut légèrement pour ne pas ajouter à ma mauvaise humeur et je sens mes cheveux collés à mon front, des gouttes roulant parfois sur mon visage et me chatouillant d'une manière désagréable. Je suis borné, je le sais, mais je ne repartirai pas sans avoir récupéré ce qui m'appartient, quitte à devoir parler à des gens pour voir s'ils ne l'auraient pas vu quelque part. Je me souviens l'avoir touché en sortant du marché néanmoins et décide de repartir de là. Pas besoin cependant d'aller jusqu'à là-bas : au détour d'un bâtiment, mes yeux passent un instant sur un des individus de la rue et je me stoppe aussitôt. Mon collier est à son cou, comme si le simple fait de le porter en faisait le propriétaire. Ma mâchoire se crispe légèrement tandis que la personne tourne avant que je n'ai le temps de scruter son visage, la suivant automatiquement, pas tout à fait enclin à la discussion. Je le file jusqu'à ce qu'il arrive jusqu'à ce qui semble être sa destination puisqu'il ouvre la porte et à ce moment-là, je lui attrape le bras et le retourne en grognant. « Tu crois aller où comme ça ?! »

Le jour du ravitaillement.
Comme si on pouvait le louper.

Pas très à l'aise comme à son habitude, Han Jun longeait la rue, aux aguets. Il n'était pas tranquille. Il ne l'était jamais pour ainsi dire. Seul contre tous, il se sentait démuni et son passé n'arrangeait en rien sa paranoïa. Il était vrai que le centre était un quartier très fréquenté où il n'était pas rare de faire de mauvaises rencontres. Ça lui était déjà arrivé et il ne voulait pas que ça se répète. Il n'avait jamais aucune chance et n'en aurait probablement jamais, trop chétif pour faire peur, trop mignon pour qu'on le laisse en paix. Sa mère le lui avait souvent répété. Il aguichait sans le vouloir jusqu'au plus droit des hommes. Il se devait alors d'être prudent et c'est caché sous sa capuche qu'il longeait cette rue dans l'espoir de mettre la main sur quelque chose à manger. Il était si maigre, si fragile. Il avait besoin d'un peu de nourriture. Rien que quelques portions aussi maigres pouvaient-elles être.

Un pas après l'autre, il semblait pouvait sentir qu'on l'observait mais sans grand intérêt. Personne ne pouvait voir son visage, personne ne pouvait lire la peur dans ses yeux. Encore quelques pas et il se retrouvait devant une de ces caisses où l'on pouvait trouver tout un tas de chose. Laissée là à l'abandon, il ne tardait pas à se servir. Il prenait ce qui restait sans chercher à comprendre. Rien qu'un peu de nourriture ferait l'affaire. Et sans demander son reste il s'en alla tout aussi rapidement qu'il avait pioché sa pitance. Longeant alors à nouveau cette rue, il du passer par le marché pour arriver plus vite chez lui. Et c'est à ce moment précis que quelque chose attira son attention. Une babiole. Un collier laissé à l'abandon mais ça lui avait plus à l'instant où il avait posé les yeux dessus. Se baissant alors pour le ramasser, la pluie commençait à humidifier ses vêtements. Serrant alors sa trouvaille au creux de sa main, il pressa le pas. Il n'avait pas vraiment envie de tomber malade.


***

Autour de son cou, ce collier ne pesait pas vraiment lourd. Han Jun ne savait pas bien pourquoi il l'avait ramassé. Toujours est-il qu'il était enfin arrivé à destination et tout c'était étonnamment bien passé. Peut être qu'il devenait un peu trop parano ? La main sur la poignée, il s’apprêtait à s'enfermer comme d'habitude pour se sentir à l’abri mais c'était sans compter cette main qui le retenait. « Tu crois aller où comme ça ?! »  Le demi sourire qu'il avait s'estompa alors soudainement alors qu'il baissait la tête en tirant son bras vers lui. Il n'arrivait pas à se défaire de l'emprise de cet inconnu sorti de nul part. « Lache moi ! » Couinant comme le petit être fragile qu'il était son cœur battait si vite, ses membres étaient tremblants, son estomac était à l'envers. Il avait peur. Et ce n'était que le début.

Mes doigts resserrés autour du poignet de l'inconnu, je ne compte pas le lâcher avant d'avoir récupéré ce que je veux, ce qui m'appartient. Je tire sur son bras mais il ne se retourne même pas et tente de se défaire de mon emprise. Certainement, oui. Il n'a pas l'air d'avoir beaucoup de force, ou de volonté peut-être mais en tous les cas, il ne réussit pas à se détacher de moi. Sa réponse m'énerve un peu je dois dire et j'augmente la pression autour de son poignet histoire de lui faire comprendre à qui il a affaire. « Je te lâcherai quand tu m'auras rendu ce qui m'appartient, pas avant. » grogné-je. Mes cheveux me coulent dans les yeux désormais, la pluie un peu plus forte au fur et à mesure. Je lève ma main libre et plaque mes cheveux en arrière pour y voir quelque chose. Je tire sèchement sur son bras pour le faire se retourner et le plaque contre la porte, mon bras libre se posant contre son cou. Je hausse un sourcil en découvrant son visage. Est-ce qu'on peut vraiment avoir une tête de victime innocente comme ça ? Visiblement oui.
J'entends une voix derrière moi et observe les alentours. Il n'y a pas grand monde mais je ne veux pas attirer l'attention de tous sur moi, surtout un jour de ravitaillement où tous les gangs sont présents. Sans prévenir, je le décolle de la porte et d'un geste vif, j'ouvre cette dernière et pousse le voleur à l'intérieur avant de m'engouffrer à mon tour dans le bâtiment, sans lui demander son avis même si ça semble bien être son chez lui. Je referme aussitôt derrière moi et ne l'ayant toujours pas lâcher, je le plaque contre le mur cette fois-ci, ne lui laissant même pas l'espoir de m'échapper. « Fais pas le malin. » Mes yeux s'étrécissent et je le maintiens contre le mur pour prendre le temps de le scruter plus longuement. Je m'esclaffe silencieusement après un instant. « T'as une tête de bébé, t'as quel âge ? » Je ne devrais pas m'attarder, juste reprendre ce qui est à moi et retourner parmi les magiciens de l'île mais sa tête me donne envie de lui faire la misère. Non, je n'ai jamais prétendu être quelqu'un de bien.