bae loki ♪ i wanna party & bullshit

Avec des cheveux noirs de jais, des yeux amandes pétillants et son petit uniforme scolaire plié par le poids de son sac, Loki aurait pu être n’importe quel enfant de la capitale coréenne. Mis à part qu’il s’appelait Loki. Et Loki, c’est pas un prénom courant. C’est facile à prononcer pourtant. C’est court. C’est joli. C’est le prénom d’un dieu. Mais parce que c’était un nom étranger, on pensait qu’il était lui aussi un étranger. On se demandait d’où pouvait venir ses parents pour l’avoir appelé comme ça. Parfois, on le plaignait de porter un tel nom. Loki n’aimait pas son nom, il voulait changer. Personne ne le croyait lorsqu’il parlait à l’école. Comment croire un type qui s’appelle Loki ? C’est tellement enfantin. On dirait un enfant de 3 ans qui ne sait pas encore correctement prononcer les mots. Et Loki se faisait attaquer de mots méchants, le blessant directement à la poitrine. Les mots trouvent toujours un moyen de se faufiler à travers votre peau et de vous poignarder au cœur. S’il seulement il pouvait saigner pour exprimer toute la douleur, mais il ne fait rien. Il reste là, à endurer chaque coup et chaque blessure. Et puis, c’est au tour des autres organes, des muscles et des os de supporter la douleur. Eux se révoltent un peu parfois, eux se plaignent certains jours, il se cassent, se fracturent, le blanc délicat de sa peau prend une couleur orangé-bleu. C’est pas joli à voir, mais au moins il n’a pas à parler, son corps parle de lui. Son corps est visible par tout le monde, et son œil au beurre noir et sa lèvre enflée également. C’est visible, alors quel genre de parents passe à côté de son enfant sans remarquer le changement de couleur ?  Avec de l’argent et ses parents qui travaillent dur pour lui obtenir les meilleures études, Loki aurait pu être n’importe quel adolescent heureux. Mis à part qu’il s’appelait Loki.

Loki s’était trouvé une délivrance, un moyen pour son esprit de s’échapper de ce corps maudit et faible. Ses parents avaient accepté de l’inscrire à des cours de danse à ses 6 ans. On dit que la danse n’est pas un vrai sport, la danse est un sport de fille, mais Loki trouvait cela vraiment dur au début. Il n’arrivait pas à coordonner son corps et son cerveau. Alors, il s’énervait. Il avait du tempérament, ce petit, et un rien pouvait l’irriter. Mais il n’a pas arrêté, il n’a jamais abandonné. Il a continué, jusqu’à ce qu’il devienne un danseur régional. Dans le monde de la danse, il était assez connu. Comment ne pas remarquer ce jeune adolescent répondant au nom de Loki, après tout ? « Tu es celui avec le nom bizarre », disaient les jeunes filles qui le repéraient près de la salle de danse. Avec ses pieds qui glissent sur le sol et ses mouvements gracieux et maîtrisés, Loki aurait pu être n’importe quel danseur ravi. Mis à part qu’il s’appelait Loki.


Loki, c’était l’adolescent parfait d’une société de sociaux médias, d’illusions et d’illégalité. Partout où il y avait de bons sons, on trouvait Loki. Partout où l’alcool coulait à flot, Loki y était. Partout où les gens sniffaient plus qu’ils ne respiraient, on était sûr que Loki était l’un d’entre eux, la tête penchée sur la tête, la poudre disposée disparaissant en un éclair, et puis le sourire béant lorsqu’il lève la tête au ciel. Loki, c’était le jeune talentueux, avec du potentiel d’aller très loin en danse, qui avait gâché sa vie pour des futilités et des illusions. Loki, on le plaignait parce qu’il n’était plus digne de vivre. Et Loki, ça le faisait chier que les autres décident de sa vie, qu’ils le plaignent pour un oui ou pour un non, qu’ils croient qu’ils ont le droit de le juger alors qu’ils sont les seuls responsables de sa transformation. Loki n’aime pas les hypocrites et Loki les emmerde tous. Auparavant, l’image que Loki reflétait n’était autre que celui au prénom bizarre, l’étranger venu de nul part. Il n’avait jamais été reconnu comme un maltraité ayant besoin d’aide, il n’avait jamais été reconnu comme un danseur ayant besoin de liberté. Maintenant, l’image que Loki reflétait était celle d’un jeune homme qui n’a même pas vécu un quart de sa vie, qui grillent ses tympans avec du son électro, qui grillent ses neurones avec son joint dans une main et sa bouteille dans l’autre. Loki, il n’est pas reconnu comme le danseur maltraité qui avait besoin d’aide, et qui n’a rien pu trouvé d’autre que de se laisser bercer dans un monde d’illusion. Non, Loki, tout le monde pensait que c’était le petit garçon qui avait tout eu dans la vie pour arriver au sommet mais qui s’était laissé tomber dans l’illégalité parce que c’est grisant.