choi nao + tu n'es bon qu'à courber le dos.

quelques jours de vie dans cet endroit hostile mais tu sens déjà la noirceur du lieu t'enrobée. doucement, mais sûrement. cet endroit fait étrangement ressortir beaucoup de tes mauvais côtés. cette facette que tu voulais cacher, que tu as tenté de renier, elle est bien là et ne s'en ira apparemment pas. ton avis n'a pas encore de forme distincte, mais même si tu te rends bien compte que tout ça n'est rien d'autres qu'une punition pour tes péchés, tu veux vivre cette aventure. tu la prends avec tes deux mains et tu es prête à tout combattre pour rester digne, même si cette dignité, tu l'as perdue il y a déjà bien longtemps et tu le sais. finalement, peut-être que cet endroit est ton paradis, ton enfer, l'endroit  qui sera ta perte mais qui est le seul à t'accepter pour ce que tu es, ce que tu as fait. elle est comme une enfant perdue qui aurait trouvé là où elle doit être, là où elle aurait dû être depuis le début. tu as foulé le sol du pêché et c'est sûrement ce qui tu as trouvé de plus libérateur depuis bien des années. ici, tu n'es plus obligée de faire semblant, parce que tout le monde est au grade. peu importe ce qui tu étais, finalement ce qui compte c'est qui tu es. marche ou crève. et c'est ce que tu feras. tu comptes tourner cette situation dans ton avantage. parce que c'est ce que tu as toujours fait après tout. toute cette débauche, tu l'utiliseras pour soulager ta conscience, te disant que tu n'es pas la seule à faire toutes ces choses sales. plus de regards dégoûtes, plus de jugements. ici les petits sourires n'existent pas. et tu aimes ça. quitte à ce que ce monde soit noir mais vrai, tu préfères cela à un monde faux et rose. on peut dire que l'île t'as adoptée, comme tu l'as fait.

avant. est ce qu'il y a eu un avant ? est-ce que cet avant mérite d'être conté ? puisque pour toi, il est inexistant, il est sale et il est violent. tu ne sais pas si c'est toi qui a engendré toute cette merde autour de toi ou si ce monde complètement fou qui t'a rendue ainsi. ta vie d'avant c'était comme un piège. c'était noir, sans rêves. pas d’échappatoires, même si les illusions comblaient ton cerveau. en gros, tu n'as jamais eu rêve. peut-être enfant, quand tu vivais dans l'innocence, que tu voulais être professeure des écoles parce que tu aimais encore l'école. parce que même si on te pointait du doigt à cette époque, tu t'en foutais, tu étais enfant et tu n'avais qu'à manger des bonbons pour que tous tes soucis s'envolent. aujourd'hui et bien avant l'île, ces bonbons sont sous formes de pilules, de poudre, de liquide enivrant. ils ont tout aussi bien le même effet. tu as vécu de ça à partir d'un âge beaucoup trop déraisonnable. alors que tu étais censée être une enfant-soie, une enfant-fée, une enfant-sourire. ton monde s'est très vite écroulé, t'emportant avec lui, dans la débauche. tu as arrêté l'école lorsque tu avais seize ans et pendant ces deux années, tu n'as fait que te détruire, peu à peu, lentement, sans t'en rendre forcément compte, mais aujourd'hui ton corps faible et pollué te le fait sentir. ton cerveau abîmé te joue des tours. ton sang fait palpiter tes veines lorsqu'un émotion s'installe. et ça, tu as du essayé de le gérer même avant l'île. ce qui ne fut pas facile, puisque la personne errante que tu étais ne voulais pas voir la vérité en face. on t'a brisé ton innocence mais c'est comme si elle restait là, autour de toi, à t'enrobée et à te protéger. alors avant tu faisais comme bon te semblait. tu étais le seul arbitre de ton jeu, de ta vie.

avant, tu avais une mère aussi, et un beau père, et des petits frères. deux, des jumeaux. qu'est ce qu'ils pouvaient te ressembler. comment ne pas les aimer. pourtant tu les as toujours détesté. parce qu'avant, l'innocence était quelque chose que tu méprisais.