sous un ciel étoilé (ft. rebelle)

Les étoiles. T'as toujours aimé les étoiles. Probablement parce qu'elles sont comme la lune. Ou que tu sois sur terre, elles sont les mêmes, et tu peux les reconnaître. C'est un point d'accroche. Une façon de te retrouver avec toi-même que ce soit en Australie ou en France. Une façon pour toi de te dire que où que tu sois, il y a des choses qui ne changent pas à tes yeux. Bien sur, les étoiles évoluent, s'éteignent, changent, même de nouvelles apparaissent, mais jamais ça ne se produira durant ta vie. Vie mortelle, franchement réduite. Courte. Mais le temps d'une vie humaine, elles restent en général les mêmes. Partout sur terre. Elles n'apparaissent pas en même temps. Quand il fait jour quelque part, il fait nuit à l'autre bout du monde. Le soleil contre la lune. Les nuages gris contre les étoiles brillantes. C'est une guerre constante. Et aujourd'hui, ce soir, tu veux les voir. Tu veux les regarder. Et te dire qu'en Inde, en Amérique ou en Russie, quelqu'un les regardera aussi, quand il fera nuit chez eux. Et que vous pourrez voir la même chose. « Tu vas te taper le petit papa ? » Tu montres ton joli doigt du milieu à une Sun-Hi heureuse de sa question débile, et tu sors de chez vous. « Tu passes la nuit dehors Jin-Hee ? » Avant de fermer la porte, tu souris à Belle, et tu hoches la tête. « Je pense oui, maman. Mon p'tit homme sort spécialement pour ça. » Elle lève les yeux au ciel, et tu prends même pas la peine de claquer la porte derrière toi. De toute façon, le mur de derrière n'est construit qu'à moitié. Et la porte, au final, ne sert strictement à rien. « DEMAIN ON SE REJOINT A LA CRYPTE, VOIR OU ON DORT ! » Tu l'entends, bien sur, et tu acquiesces. Même si elle te voit pas, elle.

Et t'arrives au rendez-vous. Tu poses ton manteau par terre, et tu mets ta tête dessus. Dormir à la belle étole, tu connais. Sans couverture, la peau touchant les brindille et feuilles. T'es habitué. Mais en général, tu faisais ça avec ta famille. Et la dernière dont tu te souviens, c'était au Maroc. Pendant des vacances, peu de temps avant qu'ils meurent. Et tu te tournes lorsque t'entends du bruit et t'exploses de rire. Tu te l'autorises, parce que tu sais que ton p'tit bout d'homme comprendra pas. Mais il débarque avec son drap, sa couette, ses vêtements chauds alors qu'à côté, tu es juste allongée, jean troué, baskets, débardeur, sur  ton manteau en jean. Et la différence est si évidente que ça tombe presque dans le cliché. Tu le regardes s'installer, tu l'aides pas, il a pas besoin de toi, et il refuserait probablement toute aide. Et la soirée commence. Et avance. Et vous regardez juste les étoiles. Jusqu'à ce qu'étonnement, ton p'tit homme prenne la parole : « Dis... Pourquoi tu m'a proposé cette soirée ? » Tu le regardes, il regarde les étoiles. Mais quelque part, tu sais qu'il t'a regardé avant de parler. T'as tendance à sentir le regard des gens. Tu souris et tu regardes les étoiles aussi. « Parce que. J'avais besoin de voir les étoiles avec Kirikou. » Et tu souris. Un sourire à toi-même parce que tu sais qu'il ne va pas comprendre. Tu sais qu'il va se poser des questions. Et tu le trouves adorable quand il fait ça. Tu l'observes de nouveau. Et tu lui souris. A ton p'tit bout d'homme de dix centimètres de plus que toi.

Tu le sais, qu'il ne va rien comprendre. Et ça te fait rire. C'est pas méchant, et c'est certainement pas pour te moquer de lui. Non, tu as arrêté de te moquer de lui méchamment peu de temps après votre rencontre. D'ailleurs, t'es pas bien sûre que tu te sois déjà moqué de lui, réellement avec l'idée d'être méchante. Ça a toujours été des trucs plutôt mignons, et toujours lorsqu'il n'était pas aux alentours. Et jamais avec des gens dont tu pourrais craindre qu'ils dériveraient la moquerie sur quelque chose de dégradant. Parce que Kyung Hong, tu mets un point d'honneur à le défendre, coûte que coûte. Alors non, bien sur, t'irais jamais te moquer de lui méchamment. « Kiri... Quoi ? » Tu souris en le regardant. Tu le trouves franchement attachant quand il comprend pas ce que tu lui dis. Vraiment. Attachant. Tu sais qu'à côté de ça, il tue des gens sans trop se demander ou se rendre compte de si c'est bien ou pas, mais pour toi, c'est ton p'tit homme. C'est ton attachant p'tit homme. « C'est quoi Kiri... Machin ? Parle coréen s'il te plaît ! Que je puisse te comprendre ! » Tu rigoles doucement.

« T'as pas froid ? Viens sous la couette si tu veux, ou au moins sur le draps, non ? » Tu secoues négativement la tête, mais tu continues de lui sourire. Parce que non, ça ira. T'es pas frileuse, loin de là. T'es habitué au froid, et t'es habitué au chaud. T'as passé un an en Afrique, et un an en Antarctique. Vraiment. Alors forcément, t'as eu le temps à t'habituer aux petits changements de température que connaîtrait un quelconque pays placé aux alentours de l'équateur. « Ça ira Kyung Hong, t'en fais pas. » Tu souris, et tu te tournes complètement vers lui. Allongée sur le côté, ta main soutenu par ton coude soutenant ta tête. « Kirikou est petit, mais il peut beaucoup. Kirikou n'est pas grand, mais c'est un géant. Kirikou est petit, mais il peut beaucoup. Kirikou est petit, mais il est vaillant. » Tu voulais pas forcément lui chanter la chanson, mais depuis que tu l'as comparé au petit homme du dessin animé, elle te trotte dans la tête. Tu lui traduis les paroles que tu as chanté en Français. Et tu lui souris. « Kirikou, c'est un dessin animé français. Assez connu. » Tu t'arrêtes un moment, et finalement, tu poses un bout de la couverture sur ta hanche nue qu'un t-shirt trop court laisse apparaître. « C'est l'histoire d'un petit garçon surdoué. Il parlait déjà dans le ventre de sa mère. Il est venu au monde tout seule d'ailleurs, sans que sa mère ait à travailler. Son village est la cible d'une méchante sorcière du nom de Karaba, qui enlève tous les hommes du village. Une rumeur dit qu'elle les mange. Kirikou s'en va aller voir un vieux sage pour lui demander pourquoi Karaba est si méchante, et le sage lui répond que c'est à cause d'une épine que des hommes lui ont plantés dans le dos. C'est la douleur qui la rend méchante et qui lui donne ses pouvoirs. Kirikou va piéger Karaba pour lui enlever l'épine et il rentre au village. Après un baiser de Karaba, gentille, il grandit et devient un homme. Et une fois au village, les habitants fêtent le retour de Kirikou et des hommes du village. » Tu es quasiment sûre qu'il va pas comprendre le message, t'es même pas sûre qu'il comprenne l'histoire. Mais tu lui racontes avec un sourire aux lèvres. Parce que cette histoire, c' était ta mère qui te l'a raconté la première fois.

Ton sourire n'est pas éphémère, non. Parce que rien n'est éphémère quand tu penses à ta famille perdue. Rien n'est éphémère quand tu penses à tes parents, à ton passé, et aux relations que vous entreteniez à l'époque. Tu regardes Kyung Hong, mais tu ne le vois qu'à peine. Tu l'adores hein, ton p'tit homme. Mais pour le moment, il n'est pas la personne dans ton esprit, loin de là. Parce que cette position, que vous avez là, tu l'as eu, souvent, en famille. Quand tu faisais du camping avec ta famille, avec tes parents. Et qu'en fait, tu t'en rends compte. Tu ne fais que recréer des souvenirs que t'aimerais ne plus avoir sans cesse. Que t'aimerais ne plus avoir. Non, c'est pas ça. Tu aimes ces souvenirs, tu les chéris. Parce qu'ils sont les seuls qui te rappellent ta famille. Ce n'est pas ça. C'est qu'ils te font mal. Te souvenir d'eux, c'est te souvenir qu'ils sont partis, et que plus jamais ils ne seront avec toi. Et ça, ça fait mal. Réellement mal. Ça te pique le bide quand t'y penses trop. Ça te fait tourner la tête quand t'essayes de trop oublier. « Est-il obligé de l'embrasser pour devenir un homme ? » Retour à la réalité. Retour à Kyung Hong et ses réflexions que tu aimes tant. Parce qu'il t'es déjà arrivé de rester éveillé une nuit entière, à penser à une question de ton p'tit homme. Tu as déjà développé un débat avec les filles en partant d'une réponse de ton Kirikou. Tu souris. Parce que ton sourire, entre temps, il s'était un peu desséché. Rien qu'un peu.

Puis, tu réfléchis. Et avant de même prendre le temps de lui répondre, il t'envoie plus de couette. Et ça te fait un petit peu rire. Parce que ce type est définitivement trop mignon. « Attrape pas froid. » Tu voudrais lui mettre la main dans les cheveux et les mettre en désordre un peu comme tu le ferais avec un petit chiot, ou un petit frère. Mais tu le fais pas. Parce que tu sais qu'il ne le supporte pas. Qu'on le touche. Et tu as abandonné ce rêve bien vite après l'avoir rencontré. Peut-être que t'avais l'impression qu'il remplacerait Zazou. Que tu pourrais le protéger comme tu aurais protéger ta petite sœur. Mais non. Kyung Hong n'a pas besoin de ta protection. Et tu ne pourras jamais le protéger s'il refuse même le moindre contact avec toi. Alors tu prends la couette et tu te couvres un peu plus. Tu as chaud. Mais qui es-tu pour refuser le geste gentil d'une âme adorable. « Merci p'tit bout. » Et tu soulèves un sourcil. « C'est affectif. Tu n'es pas petit, et tu n'es pas un bout. C'est un surnom affectif. Quand à Kirikou... Je ne sais pas. » Et tu te mets à ton tour sur le dos, et tu regardes les étoiles. Et tu fermes les yeux.

Je la regarde attentivement. Elle me remercie et j'hausse les sourcils. Je ne suis pas petit! Pourquoi dit-elle ce genre de mots? Je n'arrive pas à comprendre. Ça m'irrite un peu, ne pas comprendre et je crois qu'elle l'a comprit car quelques secondes plus tard, elle m'explique. Un surnom affectif? D'abord, elle me compare à un enfant qui devient un homme suite à un baiser échangé avec une femme, et maintenant elle me donne un surnom. Qu'est-ce que ça signifie? La plupart des habitants de l'île sont étranges. Elle est étrange et à force de faire chauffer mes neurones, je commence à voir un peu chaud. Pourtant, je ne veux pas retirer ma couette, c'est le meilleur moyen pour avoir un rhume. En même temps, je suis mal installé, j'ai mal au dos, mal aux bras et ma tête, je n'en parle même pas. Pourquoi je n'ai pas prit au moins mon coussin? Peut être parce que j'en ai qu'un seul... Peut être parce que, j'ai peur. Peur de devoir le partager avec elle, qu'elle soit trop près, que nos corps se frôle, pire, qu'elle me touche sans le faire exprès. Pire encore? Que mon flux sanguin soit trop important au niveau de mon bas ventre, que je sois en érection à quelques millimètre d'elle. Oui, ça serait bizarre à lui expliquer si elle s'en apercevait. C'est probablement pour cette raison que je ne l'ai pas prit. J'ai eu raison, d'un côté. J'ai eu tord de l'autre.

Il me vient alors une idée. Pendant qu'elle regarde le ciel, j'en profite pour m'asseoir, la couverture épaisse glissant jusqu'à mes hanches. J'attrape le bas de mon sweat en coton et le remonte pour enfin le retirer. Ce dernier prend en otage mon haut . Je me dépêche de tirer mon t-shirt pour le remettre rapidement en espérant qu'elle ne m'ait pas vu. Je n'ai aucun problème avec ma nudité, mais elle trouverait probablement ça bizarre que je me déshabille à côté d'elle. Du moins, si j'étais à sa place, je le penserai. Mon acte manqué a le don de me mettre mal à l'aise alors je tire du mieux que je peux sur mon vêtement mais la manche semble bloquée dans celle de mon sweat. Je grogne, enfonçant mon bras dans le vêtement à la recherche de la manche perdu. Enfin sortie, je me rhabille. J'espère vraiment qu'elle n'a rien vu, mais l'idée me fait doucement rougir -de honte- . Enfin dans une tenue décente, je plie -en boule- mon vêtement le plus épais pour m'en servir de coussin, posant ma tête dessus pour observer les étoiles. Entre temps, aucun regard n'a été dirigé dans sa direction, je préfère faire comme si de rien n'était. Je tire le morceau de couverture qui était tombé sur mon torse, prenant l'air pensif. Il ne s'est rien passé, non vraiment rien.

"Dis, tu te souviens de notre première rencontre?" Bonne question. C'est bien Kyung Hong, avec ça, même si elle l'a vu, elle ne rira pas comme à chaque fois que je manque quelque chose. Elle l'oubliera simplement et se concentrera sur ma question comme elle le fait souvent. J'en fais d'ailleurs de même, me perdant dans ce souvenir.

Ils te manquent. Tous. Tes parents, bien sûr. Evidemment. Comment il pourrait en être autrement ? Alors oui, tu les as vengé, et oui, ça t'a fait du bien. Oui, t'as eu raison de le faire. Et c'est pas juste une impression. Mais ils continuent de te manquer. Et ce n'est pas même la peine de parler de Zazou ou de Raf. Tu voudrais qu'ils soient là. Avec toi. Et pas morts. Quel enfant voudrait avoir sa famille de morte après tout ? Quiconque t'en parlerais, tu ne serais pas capable de le croire. Pas avec une famille comme la tienne. Alors Kyung Hong, c'est un peu un remplaçant. T'aimes pas l'imaginer juste comme ça. Utiliser que ce terme pour le représenter. Parce que ce n'est pas ce qu'il est. Non. Mais, un peu quand même. Après tout, Kyung Hong, il ressemble un peu à Zazou, à ta petite sœur. A comment elle était, avant. Et tu as cette envie folle de le protéger, comme tu l'avais envers Zazou. Et Dae Bee, c'est un peu une remplaçante aussi, non ? Au final. C'est Raf. Le p'tit chieur. La p'tite chieuse. Oh. A y réfléchir, Raf serait plutôt Sun-Hi alors. Mais ça te blesse de penser ça. Autant que ça te fait du bien en fait. Après tout, bon, ils sont morts. Et tu pourras pas les ramener. Et c'est pas en les cherchant dans les comportements des gens qui t'entourent que ça va changer. Et une pensée t'amène à une autre. Ils ont les mêmes comportements. Sauf que les originaux, eux, ils sont morts. Et ils ne reviendront jamais. Tu pourrais en pleurer si t'avais pas déjà utilisées le maximum permis de larme pour cette cause. Oui. Tu t'es fixé un maximum. T'aurais probablement jamais arrêté de pleurer sinon. L'idée, c'était un de plus du gang mort, une journée de moins de pleurs sur un mois. T'as quand même pleuré vingt jours. Environ. Vingt nuits. Sans dormir, ou peu. Bourrée aux medocs par ton professeur tatoueur et empoisonneur. Pour réussir à tuer les gens qu'il voulait que tu tues. Oui. Vingt jours pour devenir une tueuse à gage. Et pour pleurer les morts. Quelque part, là dedans, les réunions avec les pompes funèbres et tout ce qui va avec. Et quelques mois plus tard, l'enterrement. Et quelques jours plus tard, l'île. Oui, ça a été plutôt rapide pour toi.

Les yeux sur les étoiles, tu te souviens du temps des longues nuits sous les étoiles, pendant les semaines, les mois, ou les années camping des Skaar. Tu te souviens des nuits des étoiles filantes où vous vous amusiez à faire des vœux et à découvrir ceux des autres pour surtout pas qu'ils se réalisent alors qu'en fait, vous tombiez toujours exprès à côté pour qu'ils se réalisent. Ce qui est sûr, c'est qu'aucun de vous n'a jamais souhaité la mort de la famille. Et particulièrement pas toi. Et un souvenir de plus terni. Comme presque tout tes souvenirs depuis ton arrivée sur l'île. L'amertume de ta rancœur envers leur mort. Ça apporte toujours des nuages sur tes beaux souvenirs. T'entends Kyung Hong qui fait quelque chose sur le côté, mais tant qu'il te parle pas, tu resteras coincé dans tes pensées, dans tes souvenirs. Ceux qui concernent ton passé, ta famille, leur mort et tout ce qui va avec. Récurant vous dites ? Répétitif ? Sans blague. Comme si il pouvait en être autrement. Comme si. Si seulement.

« [color=black]Dis, tu te souviens de notre première rencontre ?[/black] » Tu te tournes vers Kyung Hong et tu souris. Tu hoches doucement la tête et ton sourire se fait plus mélancolique, triste. « T'étais au labo des magiciens. Et tu m'as filé de la coke. Et je t'ai donné un cookie. Je sais même pas si tu l'as mangé. On s'était même pas adressé la parole. » Et très sincèrement, c'est tout ce dont tu te souviens. Tu étais fatiguée, et t'avais du te faufiler chez les magiciens sans croiser de gens trop chiants. Et te retrouver au cœur d'un gang, t'étais à deux doigts de péter un câble. Juste que les gangs, c'est pas ta tasse de thé. Et que les onze enflures que t'as empoisonné, sur cette île, auraient été chez les magiciens. Alors à part Kyung Hong, tu les évites, un peu comme la peste. « Et toi ? Tu t'en souviens ? »

Ta famille et toi, vous avez toujours pris l'habitude de bouger. Sans jamais vous poser. Jamais. Quelques mois quelque part, et vous repartiez. Incapables que vous étiez de vous poser. Oh, ces souvenirs ne sont pas tous bons. Se faire des amis, être obligé de leur dire au revoir. Et finir par se dire que peut-être, c'est mieux de ne pas essayer d'entrer dans la société des pays où vous étiez. Peut-être, ça ne sert à rien. Parce que de toute façon, il y a ce moment, inévitable, où vous devrez vous dire au revoir. Et pourtant, pourtant, y'avait ce pays, celui où t'es né, où vous reveniez, de temps en temps. Un des seuls pays où vous avez été plus que deux fois. Et quand tu retournais là-bas, tu te rendais compte de quelque chose. Pendant l'année, t'avais beau voir mille et une merveilles, apprendre mille et unes choses, toutes les plus intéressantes que les autres, rien n'étais mieux que ça. Aucune merveilles, aucune culture n'était plus belle que ce que tu avais en Corée. La Corée, en plus d'être ton pays de naissance est devenu ton pays préféré. Celui où tu savais que plus tard, tu voudrais faire ta vie. Celui où tu savais que lorsque tu pourrais, lorsque tu n'aurais plus l'impression de trahir ta famille en partant, alors ce jour là, tu y retournerais. En Corée. Et tu y vivrais. Comme une princesse dans son château. Tu souris en y pensant. Et tu souris jaune en te disant qu'aujourd'hui, tu n'as même pas réalisé ton rêve. Tu aimerais te dire que tu finiras ta vie sur cette île, donc en Corée, mais tu n'es pas stupide ; Cette île ne semble pas être en Corée. Tu as assez voyager pour déceler ces petits changements, même minimes, de températures, quand tu passes d'un pays à un autre. Et tu n'es pas aux larges de la Corée. Japon, peut-être. Mais pas Corée. Et tu finiras ta vie ici, probablement. Même pas dans ton château, ton pays de rêve.

Tu écoutes la réponse de ton Kirikou avec une oreille attentive, et tu souris. Toi qui pensais qu'il t'avait à peine remarqué. Il se souvient mieux même que toi comment tu étais habillé ce jour là. Et tu ne peux t'empêcher de sourire en pensant que s'il s'en souvient aussi bien, c'est qu'il a du y penser entre temps. Et qui sait pourquoi. Ou quand. Tu le regardes en souriant lorsqu'il te complimente. Dans les moments comme ça, t'aimerais pouvoir juste lui caresser la joue. Juste pouvoir lui dire merci, mais sans mots. Parce que tu n'aimes pas vraiment communiquer avec des mots. Pas pour les choses importantes. Les mots, c'est trop futile. Les mots, c'est trop facile à déguiser. Les mots, toi, tu les utilises pour tromper les gens. Pas pour les remercier. Pas pour leur expliquer ce que tu ressens. Puis il finir par t'expliquer pourquoi il t'avait donné un peu de drogue à l'époque. Et pourquoi aussi, il n'avait pas prit le cookie. Tu rigoles doucement en pensant à un autre magicien se faufilant dans le labo juste pour chourer le gâteau. C'est un comportement digne de gosse des alchimistes, ça t'étonne presque qu'un magicien ait fait ça. Tu croises des bras derrière ta tête et tu regardes les étoiles. « Tu sais que moi aussi je t'ai trouvé canon à l'époque ? Maintenant, t'es plus comme mon petit frère, enfin je te considère comme ça. Mais à l'époque, je sais pas... T'avais tout pour pas l'être, pourtant, canon. Tu sentais franchement pas super bon, mais y'avait un truc. T'étais charismatique. La réflexion était tellement évidente, ta détermination aussi. C'était...incroyable. » Et tu souris en t'en rappelant. Oui, tu n'aimes pas utiliser les mots. C'est vrai. Mais avec lui, tu peux pas faire autrement. Alors tu fais ce que tu peux, avec les mots que tu trouves. Kyung Hong a été une des très belles rencontres que tu as eu sur l'île. Et même si tu n'arrives pas à lui faire comprendre par des gestes, t’espères réussir à lui faire comprendre par des simples mots.