14/07 - valentine day, mid-july (tae-hee)

Senteur poivrée, pas des plus douces. Mais ça fera l’affaire, il espère. Il n’a pas trouvé mieux comme fleurs. C’est amusant à quel point il n’a jamais fait attention à ça avant. La vie d’avant. C’est presque comme un mirage. Il passait devant les fleuristes sans le moindre sentiment, insensible aux étalages colorés. Comme s’ils n’existaient pas. Yael aimerait revenir à cette époque, simplement pour dérober quelques plantes, se rappeler de la façon dont on composait un bouquet. Le souvenir est vague dans son cerveau, ses yeux n’ont eu pas habitude de n’en voir que par rapides dérobés. Rien n’est clair. De ses doigts écorchés, il serre les tiges d’un fil. Certaines fleurs blanches lui avaient fait de l’œil, protégées par des orties et sa maladresse s’est occupée du reste, évidement.

Mais il reste fier de lui. Un drap rafistolé sert de drap de pique-nique pour les protéger du sable, il y dépose le bouquet, à côté d’une bouteille d’alcool qu’un ami alchimiste lui a rapporté en remerciement après l’avoir mis en contact avec une prostituée qu’il guettait depuis un moment. Et enfin. Roi de la soirée. Dans un vieux emballage, la moitié d’une tablette de chocolat, surement le plus dur à trouver. Ce n’est qu’après des mois qu’il a réussi à s’y approprier. Tout ça ne lui aurait surement pas pris plus d’une minute à avoir avant. Quand il avait la fortune. Mais à présent, il a la fierté.

Maintenant, il ne reste plus qu’attendre que son homme arrive. Yael enlève ses chaussures, plus pratique avec le sable. Il relève le bas de son pantalon et vient tremper ses pieds dans l’eau. Il adore la plage. Elle intensifie son sentiment de liberté, quand il pose les yeux sur l’horizon au loin.
C’est beau. Bientôt le coucher de soleil. Encore plus parfait.

Il ne se serait jamais pensé capable d’autant de romantisme. Un concept si souvent étrange et incompris pour lui. Mais l’amour le change. Tae-Hee lui ouvre les yeux sur d’autres facettes de lui. Il se tourne, sentant finalement une présence à ses côtés.

Il est là.

Enfin.

Son amour.

Un sourire tendre se dessine sur ses lèvres pleines. Il accourt vers lui. Ses mains humides s’attachent à son cou et il s’approprie ses lèvres, farouchement. « Tu es à l’heure, bravo. » A l’heure, c’était bien incertain quand Yael lui-même n’avait pas donné d’heure précise. Tout à l’heure, c’est tout ce qu’il avait murmuré ce matin en le quittant.

Il attrape son petit-ami par le poignet, en profite pour caresser délicatement sa peau avant de l’entrainer jusqu’au drap. « Joyeuse saint-valentin. » Problème d’heure mais de date aussi. Mais il y'a tant de joie sur son visage.

tout à l’heure. c’est d’lespoir. et c’est aussi les prémices d’un sourire absolument répugnant de bonheur sur les lèvres de tae-hee toute la journée. un jackjack aux anges, mort de rire presque tout le temps.
une soeur moins aux anges. une soeur qui sera jamais heureuse tant que son frère le sera, faut croire.
et un tae-hee complètement débile. un tae-hee à la barbapapa.
faut pas le mettre sur un ring aujourd’hui tae-hee, il s’rait capable de s’frapper lui même par inattention. non. vraiment. c’est pas une blague.
et puis, y’a rien de bien particulier aujourd’hui. tae-hee, il sait que c’est pas leur anniversaire, il en est sûr. il sait que c’est pas non plus son anniversaire, à lui, yael. il la connait par coeur, la date. alors il s’dit que c’est encore mieux. qu’il a juste voulu qu’ils se voient. juste pour se voir.
et ça, il aime ça, tae-hee. il aime la spontanéité.
il aime aussi le fait que ça lui changera les idées. que ça l’empêchera de penser au retour de l’autre.
de kinam.
et que lorsqu’il sera avec yael, qu’il passera la soirée, la nuit avec lui, kinam, il sortira de son esprit. et ce s’ra pas plus mal.

jackjack est là, dans le dortoir, à regarder tae-hee galérer à choisir entre sa chemise blanche et sa chemise tout aussi blanche. il maintient que c’est pas les mêmes. et jackjack lui fout une claque derrière la tête.
il finit par mettre un t-shirt, les chemises couvertes de la saletée de la lutte que la claque a engendrée.
et un bermuda. c’est l’été quoi.
t-shirt, bermuda, bandana, autant du poignet. une habitude un peu. presque une marque de fabrication aussi.

et il descend. et il va à la plage, pas forcément facile d’accès, mais il y va. et il sourit quand il arrive en bas. et y’a quelques couples, parce que pensez-vous, c’est une belle soirée. mais y’a qu’eux. ils rayonnent eux. c’est les bisounours de l’île. alors les gens le saluent, tae-hee quand il arrive.
et c’est marrant c’phénomène. parce que sur l’île, quand il est seul, ou quand il est avec son gang. les gens osent pas, le saluer. mais là, si. parce que là, c’est le tae-hee de yael. le tae-hee
à
yael.

à l’heure ? ça fait rire tae-hee un peu. sourire surtout. parce que quelle heure ? et tae-hee, il est entraîné par yael vers un drap. et là, là, tae-hee il comprend.

et il s’mord la lèvre inférieur pour s'empêcher de rire. parce que merde yael. et tae-hee, il lui caresse la main. mon coeur, yael. la saint valentin c’était y’a cinq mois.
et il s’assoit, entraînant yael avec lui. mais c’est pas grave, tu sais quoi ? c’est pas grave. parce que j’suis heureux. j’suis heureux yael.
avec toi. maintenant. ici. tu me rends heureux.

Sourire candide. Loin des horribles actes, du feu et les néants. Bonheur fugace et réel, dans son cœur qui s’affole à la vue de son amour qui se rapproche de lui. L’esquisse s’agrandit d’autant plus. Il l’aime. Il l’aime tant, bon sang. Il n’a jamais aimé avant lui mais n’en a pas besoin pour savoir que jamais il n’aurait pareil sentiment pour un autre. Son organe serait incapable de battre plus fort. C’est impossible. Il en mourrait sinon, surement.

Tae-Hee est beau. Constat rapide alors qu’il l’entraine vers le drap après un simple baiser. Si beau que tout semble fade à ses côtés. Visage d’ange et lippes de chat. Sa vision, parfois, lui coupe le souffle. De la plus belle des manières. Un peu à son image.

Rien ne saurait être autrement.

Et Yael, le fier, descend doucement de son nuage. La saint-valentin, c’était y’a cinq moins. Les mots dansent et les calculs se font. Rapidement. « Quatorze Février. » c’est qu’il prononce stupidement, regard perdu. Non, ce n’est pas possible. Pourquoi personne ne l’a prévenu ?

Mais Tae-Hee ne lui mentirait jamais.

Et soudain les images reviennent, le sourire moqueur de son ami alchimiste quand il lui confia la raison de son envie d’avoir cette bouteille d’alcool. Le. Connard.

Il imagine leurs rires à tous de sa stupidité. Surement attendris, mais qu’importe. Yael baisse la tête, comme un gosse pris au dépourvu. Il prend place près de Tae-Hee. « Je suis désolé d’être aussi con. » D’avoir été aussi déconnecté de la réalité depuis toujours. Il entrelace leurs doigts tendrement et soupire. Tae-Hee affirme être heureux pourtant alors ça le fait sourire un peu plus. Quatorze février, à présent la date est bien ancré en son esprit, il fera mieux la prochaine fois. Promesse silencieuse. Ça ne les empêchera pas de profiter de leur soirée. Il tend le bouquet à Tae-Hee en riant. « Fais attention, ça pique. » Et comme preuve, il montre ses doigts abimés. Ce n’est pas grave si lui a mal, mais Tae-Hee, non. C’est interdit. « Il y’a du chocolat aussi, et puis de l’alcool bien sûr. » Clin d’œil complice. Ça ne peut être que parfait.

c’est doux avec yael. plus que l’a jamais été avec kinam. c’était pas toujours violent avec kinam non plus mais…
mais ce soir, il pensera pas à lui. parce que son coeur lui a préparé un repas digne d’une saint valentin. même cinq mois en retard. et que rien que pour ça, il mérite toute son attention, à tae-hee. quatorze février oui. oui, mais il s’en fou, tae-hee. parce qu’ils sont tous les deux, et que rien que ça, c’est beau, que rien que ça, ça lui suffit oui.
il s’assoit à côté, yael. et ça s’voit qu’il se sent débile, mais tae-hee lui, se moque pas, lui ça le fait sourire. parce que c’est son yael cute ça. c’est ces moments qu’il aime bien chez yael, ces touches de naïveté et d’insécurité chez l’être aimé. et il s’prend à penser qu’en fait.
non.
non.
yael.
yael est là, et il se pense con. et tae-hee aurait envie de lui dire qu’il est pas con, qu’il est attentionné. et juste peut-être un peu paumé. mais qu’il est beau, son geste, qu’elle est belle, son idée. et que tae-hee l’aime pour ça. pas pour son savoir sur les dates de la saint valentin.
et y’a ses doigts qui se mêlent aux siens, et pour tae-hee, c’est un moment pour reprendre une respiration. comme si ses poumons s’étaient dégagés tout d’un coup et qu’il pouvait respirer normalement.
avec un palpitant à toute vitesse.
mais normalement.

une respiration par conscrite par la possibilité de croiser celui dont on ne doit pas prononcer le nom et surtout pas lors d’un rendez vous avec yael.

et il lui tend un bouquet. et tae-hee il entend les haaan aux alentours, mais très sincèrement, il y fait pas attention. et ses yeux se bordent de petites gouttes d’eau salées scintillantes. parce que c’est beau. parce qu’il le prévient que ça pique aussi. et que ça le fait sourire. et il lui montre ses doigts. chocolat, alcool.
et yael est parfait quelque part.
l’amour parfait.
celui qui le blessera pas.
celui qui fait tout pour pas le blesser. jamais.

alors tae-hee, il apporte les doigts de yael à ses lèvres et les embrasse doucement. plusieurs fois. un peu comme une abeille qui picore. faut pas que tu te blesses pour moi tu sais ? enfin… un je t’aime. un joyeuse saint valentin aurait suffit.

je crache pas sur le chocolat. qu’il ajoute quelques secondes plus tard. et il en met un bout entre ses lèvres, et il sourit quand le goût amer et âcre touche ses papilles.
je suis content quand t’es là, tu sais ? enfin. je. je sais que tu. tu me feras jamais de mal, tu me feras jamais pleurer, j’le sais. et tu l’sais, c’est...enfin. ça change. pour moi. et t’es mieux. et je t’aime.

il l’a déjà dit. mais il le répète. parce qu’il veut l’en convaincre. et que même s’il le sait, tae-hee, et que bien sûr, yael est mieux. quelque part, il sent que lui aussi, il doit s’en convaincre.

Il y’a un cœur qui bat, peut-être deux, quand ils chantent à l’unisson. Mélodie rare et précieuse dans une île de damnés. Cruauté pour laquelle les deux garçons préfèrent se dire imperméables. Et ça marche. Ils attirent les regards attendris, les chuchotements sans hostilité. Yael ne sait pas comment les gens ont commencé à les suivre de leurs regards curieux, s’intéresser de plus en plus à eux. Une quête silencieuse, non assumée, de douceur au milieu des abîmes. Parce qu’en soit, ils sont l’unique stabilité de cette île. Comme les murs qui se dressent, forts contre le vent. Ils sont là, imperturbables. Depuis trois ans déjà.

Belles années, dont Yael compte les mois, les jours et les secondes. Le bonheur, il ne savait même pas ce que c’était. Le bonheur possède un visage et un patronyme. Il inhale et exhale. Il est une toile vivante. Un cœur chaud sous sa paume.

Il a les yeux qui scintillent quand il lui tend son bouquet. Perles salées que Yael prie de ne pas voir tomber. Il ne veut pas de larmes, même celles de bonheur. Parce que de loin, elles pourraient être prises pour celles de tristesse. Et il n’y a pas de cela entre eux. Le tableau se doit d’être parfait pour toujours.

Il n’y a pas d’autres options.

Ils ne peuvent que s’aimer. De tout leur être, de toute leur âme. Sans honte ni retenue. Sans penser à demain. Parce qu’un jour, la séparation arrivera. L’horloge, cette traitresse, ne cesse de tourner. Ses aiguilles les approchant doucement de leur fatalité. Mais Yael ne veut y penser. Pour le moment, ils sont jeunes et libres.

Ses doigts sont prisonniers de la maison de Tae-Hee, caresses buccales qu’il suit du regard. Douces et étrangement intimes. Elles le font rougir. Lui et Tae-Hee ont partagé tant, pourtant, il rougit encore du moindre geste. Tout a un goût de première fois avec son amant. « Non, rien n’est assez pour toi. » Il bouge la tête en rythme. Il n’acceptera pas la moindre négociation.

Il sourit ensuite en le voyant croquer dans le chocolat. Yael n’aime pas ça. Trop sucré, trop gluant. Mais ça en fait plus pour Tae-Hee. « Je t’aime moi aussi, je préfère mourir avant de te faire du mal. » murmure-t-il contre ses lèvres avant de venir les cueillir délicatement. Il recule légèrement. « Je t’aime, même quand tu as le goût du chocolat. » Preuve ultime.

rien n’est assez qu’il dit, sa main toujours emprisonnée par la sienne, et par ses lèvres aussi.
alors tae-hee, il arrête de l’embrasser, et il le regarde, et il rougit. parce qu’il est important pour quelqu’un, parce qu’il compte assez pour que quelqu’un lui dise que rien n’est jamais assez.
alors tae-hee, il fait cette petite moue, ce petit truc que deux personnes dans sa vie ont déjà vu. ce mouvement de la mâchoire qui lui donne une tête gênée, une tête d’enfant qu’on complimente. et cette tête oui, elle est rare chez tae-hee. parce que c’est une tête qu’il pense ridicule, un mouvement du visage qui le fait passer pour damoiselle en amour. c’est un peu ce qu’il est. mais si ça pouvait éviter de trop se savoir.
la blague.
comme si quelqu’un sur l’île était toujours pas au courant pour eux deux.
comme si quelqu’un sur l’île l’avait pas vu faire un changement de comportement à 180° quand il est avec yael.

tout le monde sait.
et ça l’dérange pas tae-hee. c’est pas un délire de : oui mais c’est ma faiblesse, non.
non, parce que le premier qui touche à yael il lui casse la gueule.
alors non.

sans blague. sans blague, c’est hulk. vraiment.

ceci étant dit, cette tête, ce visage, il préfère le montrer qu’à yael. comme à l’époque. non.
yael.

et il préfère mourir, que d’lui faire du mal. et c’est magnifique. et tae-hee rigole, un peu. pas longtemps, il peu pas, les lèvres de yael l’en empêche. mais il est beau yael, dans ce qu’il dit, dans ce qu’il fait.
yael, c’est une sculpture grecque un peu. avec la vie, et la meilleure des personnes à l’intérieur. de la sculpture. parce que yael, il est beau.
il est grand yael aussi, plus grand de tae-hee, de plusieurs centimètres. et il aime bien ça, tae-hee. qu’il soit plus petit que yael.

et il parle de chocolat. c’est connu qu’il aime pas le chocolat, yael. tout le monde le sait. en tout cas, tae-hee, il le sait oui.
alors il finit d’avaler le bout d’amertume et se lèche les lèvres. et l’embrasse à son tour, doucement, picorant juste ses lèvres, à yael. une fois, deux fois, trois fois. alternant baisers et bouts de phrases. je préfèrerais que tu me fasses du mal cent fois plutôt que tu meurs. j’pense que j’pourrais pas moi, si tu mourrais.

et c’est mignon, c’est affreusement gerbant d’arc en ciel, mais c’est pas grave.
après tout, ils sont heureux, ils sont heureux. y’a rien à leur redire.
ils arrivent à trouver la liberté, dans les bras, dans les coeurs, l’un de l’autre. personne a droit de leur enlever ça, ce bonheur.

personne.

comment c’était ta journée ? et il sourit, reprenant un bout de chocolat. et s’allonge sur le drap, un bras sous la tête, regardant le ciel.

parce qu’ils sont mignons, et que c’est comme ça.

Ils sont deux enfants. Les joues pourpres, écarlates. Parce qu’il suffit d’un mot, d’un regard de la part de l’autre, pour qu’un voile d’insouciance se pose sur toutes les peines, effacent toute trace d’obscurité. Ils ne sont pas seuls sur cette plage. La météo clémente fait de cette journée un instant idéal pour tendre les muscles de ses jambes sur un sable chaud. Les amis, les couples, ceux qui se font et se défont, les entourent. Pourtant, Yael ne sent pas leur présence. Dans les orbes noirs de son amant, il ne voit que son reflet.

Leurs corps sont en société mais leurs âmes sont isolées. Juste ensemble. Tae-Hee a une moue d’enfant, il l’aime ainsi, il a envie de picorer ses lippes avec douceur. Comme un jeu. Enfance paumée entre les sentiers de cette île, au final, ils n’ont eu le temps pour rien. Ni celui de profiter de la jeunesse et encore moins celui de grandir. Comme bloqué entre deux âges.

Il aime le visage de Tae-Hee. Pas seulement parce qu’il est beau, parce que oui, Dieu qu’il est beau. A en faire chavirer les nymphes, à rendre jaloux apollon. Non, ce qu’il aime encore, lui, c’est l’authenticité de ses expressions. Quelque chose dont Yael n’est pas totalement capable. Devant lui, Tae-Hee est un livre ouvert. Il en tourne les pages avec douceur, traces les courbes des mots inscrits avec tendresse.

Confession murmurée. Il préfère la mort à voir les perles salées rouler sur les joues adorées. Son regard se perd sur le bout de chair qui quitte sa tanière, vient humidifier les lippes chocolatées. Yael sourit. Rapidement happé par les lèvres de Tae-Hee. Volatiles, comme les pattes d’un papillon. Caresses lentes. Yael s’amuse à compter chaque contact entre eux.

Il entend ses mots, et vient encadrer son visage de ses doigts. Le front contre le sien, c’est une promesse silencieuse de ne jamais lui faire de mal. Vraiment.

« Ma journée s’est résumé à toi qui me manquait. » murmure-t-il en venant s’allonger au-dessus de lui, paumes à plat sur le torse de Tae-Hee devenues support pour sa tête. Il scrute son petit-ami, leurs jambes s’emmêlent. « Ne regarde pas trop les étoiles, sinon j’irais les éteindre. » Il boude. Il s’en fout, il cherchera le fil et coupera le courant.

Il engloutira le monde entier dans l’obscurité pour que son amour ne voit que lui. « Et toi ? Ta journée ? »

parce qu’ils sont jamais ensemble la journée. jamais. ils peuvent pas vraiment se voir non plus. après tout, leur gang sont pas forcément potes, et puis, tout le monde sait, que quelqu’un de pas chimère rentre pas chez les chimères comme ça. être le copain d’un des membres change rien à la donne.
alors non.
non. jamais ensemble pendant la journée, rarement.
mais il est toujours dans son coeur, yael. toujours. et quelque part, il sort jamais totalement de son esprit.
le voilà qui passerait devant un arbre qu’il penserait que oui, leur premières fois, elle était contre un arbre.
il passerait devant une fleur qu’elles lui rappelleraient les fleurs qu’il lui a offert tant, tant de fois. jamais trop. il en a jamais trop tae-hee, des fleurs de yael.
parce que c’est une de ses nombreuses façon de lui prouver que oui, yael l’aime. que oui, il tient à lui.
qu’il est capable de s’blesser pour lui, capable de tout.
et qu’il sera toujours là pour lui.

et tae-hee il s’dit que c’est juste, que c’est normal. qu’après tout, lui aussi, il sera toujours là pour lui, pour yael. comme il a toujours été là pour kinam, à l’époque, et. et kinam non. alors que yael oui. pour la première fois, vraiment, tae-hee a l’impression que c’est juste. que c’est normal. que c’est réciproque, aussi. oui. c’est beau la réciprocité dans l’amour. que ça aille pas que d’une personne à une autre.

que ça résume pas à un qui part, et l’autre qu’attend.

tae-hee, il écoute les mots, il sent les gestes. les mains autour de son visage, il sourit. il est le seul à avoir droit à ça. et il sera le seul. parce qu’il compte pas arrêter ça, tae-hee. et le retour de kinam, son retour ça change rien. et. non.
non.
yael est là, juste yael, toujours yael.
et
que
yael.

il parle d’étoiles yael. et tae-hee, ça le fait rire. parce que le ciel est encore jaune rose du coucher de soleil, que les étoiles sont pas encore là. et pourtant, tae-hee, il l’écoute, il le regarde, recentre ses yeux sur son visage, si près, toujours plus près. et son visage, il le voudrait encore plus près oui. oui, il aimerait ça.

tae-hee, il s’amuse avec les jambes de yael, il pose sa main sur sa joue, et il la caresse doucement. il pose sa tête par terre, et passe son autre main dans ses cheveux, beaux cheveux, à yael.
et il sourit à sa question. j’ai passé la journée à attendre ce moment. ce. moment. précis. et tae-hee, il soulève sa tête un peu. et il colle ses lippes aux siennes.
et la scène est belle, de l’extérieur. la scène fait film romantique.
mais il s’en fout tae-hee, qu’il soit cliché. qu’ils le soient ensemble, cliché. il s’en fout. ils s’aiment.
et dans un monde de brutes sur une île de délinquants, bah ils sont heureux, eux.

Tae-Hee lui manque, à chaque minute, chaque seconde passée sans lui. Il pense à lui, sans cesse, soupire son prénom, les yeux clos quand il travaille. Tae-Hee, la chose la plus parfaite qui puisse exister dans le capharnaüm de sa vie. Il se demande ce qu’il voit en lui, ce qui la poussé à le choisir lui et pas un autre dans cette île. Il y’en a des plus beaux, des plus forts, des plus courageux. Ceux qui sauraient mieux le protéger, mais surement pas autant l’aimer. Parce que Yael a cette certitude, elle coule dans ses veines jusqu’à son organe vitale qui pulse. Personne ne pourrait l’aimer autant que lui.

C’est beaucoup trop forts, des sentiments qui grondent en son être. Depuis trois ans, peut-être bien au premier regard. Il ne savait même pas qu’un simple échange de paroles, un sourire à ce crime commun qu’ils ont, l’aurait guidé jusque là.

Il aime observer Tae-Hee, continuer, comme toujours, à avoir le souffle coupé de sa simple existence. Il jalouse les étoiles, les gens, quiconque pourrait poser les yeux sur lui. Son estomac se tord, se cœur se serre. Il veut être le seul. Et le rire de son petit-ami est une mélodie qui parvient à son oreille. Yael ne se souvient pas avoir autant ri ou sourit avant. Avant, il fallait être l’enfant parfait, sans émotion. Une chose qu’il réussissait déjà très mal à l’époque. Grand déception de ses géniteurs. Il se demande parfois s’ils ont décidé à avoir un nouvel enfant après lui, un bambin parfait cette fois. Le second essai sera le bon, peut-être.

La main de Tae-Hee vient sur sa joue et le dorlote, Yael ronronne comme un chat, yeux fermés. Il profite de la caresse. Il aime alors sentir le contact de leurs lèvres qu’il n’attendait pas. « Je t’aime. » Un souffle doux sur son visage. Il sourit doucement avant de se redresser et prendre la main de Tae-Hee pour l’attirer contre lui, dans ses bras. Il tend le bras vers la bouteille d’alcool qu’il ouvre d’un geste rapide et expert. « Il n’est jamais trop tôt pour boire. » Il prend une longue gorgée avant de laisser la bouteille entre les mains de son petit-ami.

ses lèvres sont douces. et tae-hee, il voudrait pouvoir toujours les embrasser. toute la journée, tous les jours. et il voudrait pouvoir être à ses côté tout ce temps. parce que quand il l’est pas, yael lui manque. toujours. parce que yael, c’est sa poche d’oxygène. parfois même, mais juste parfois, lors de moments d’égarements, tae-hee se dit qu’il aurait mieux fait d’aller chez les chimères. il aurait pu passer ses journées, ses nuits avec lui, mais encore. encore que. parce que tae-hee a pas peur, de se lasser, il sait que ce sera jamais le cas. mais yael.
peut-être que yael si, peut-être que lui, il se serait lassé. et tae-hee refuse l’idée même que yael puisse se lasser de lui. qu’est-ce qu’il pourrait bien faire, tae-hee, sur l’île, sans lui ? yael c’est sa seule distraction, sa seule attraction. sans yael, l’île devient monotone, vide, inintéressante. voire. rapidement. chiante.

et yael lui dit ses mots qu’il aime tant entendre, tae-hee. les je t’aime. les mots qu’il attend toujours. il aime parfois, aussi, quand yael est jaloux. quand yael lui rappelle qu’il lui appartient, tae-hee, à lui, à personne d’autre. il aime ça parce que oui, il lui appartient.
il continuera à lui appartenir jusqu’à ce qu’un jour il décide qu’il a plus besoin de lui.
mais ce sera pas tae-hee, qui partira.
pas cette fois.

yael se relève, entraîne tae-hee avec lui. et ils s’assoient. et yael boit de l’alcool. tae-hee sourit. il a du faire du marchandage avec les alchimistes. et tout ça pour lui, pour tae-hee, pour une st valentin en retard, mais qu’il regrettera jamais. ô non, jamais.

et il lui en propose, de l’alcool, à tae-hee, il lui met la bouteille entre les doigts. et tae-hee la porte à ses lèvres, et déglutit. l’alcool est fort, presque trop à son goût. et dire que ça s’associe pas avec le chocolat, c’est un euphémisme. c’est dégueu. mais tae-hee, il dit rien, tae-hee, il sourit. parce que yael a fait des efforts.
alors tae-hee, il baisse les yeux, il rougit. tae-hee amoureux. et il caresse les pétales des fleurs que lui a offert l’homme qu’il aime. et il sourit. parce qu’elles sont belles les fleurs. presque autant que yael.

mais personne ne sera jamais aussi beau que yael.

yael.

il est jamais trop tôt pour s’embrasser, longuement, sur le sable, si ? qu’il dit. il pose ses avants bras sur les épaules de yael et s’approche, doucement, jouant un peu avec son désir, avec son envie. il touche pas ses lèvres, les contourne plutôt, sans jamais toucher l’autre. sans jamais toucher yael.
je t’aime, moi aussi. je t’aime tellement yael.

Il l’aime. Beaucoup, à la folie, passionnément. C’est les seuls pétales qu’il arrache aux fleurs quand il pense à son amour pour lui. Il respire à travers son odeur, expire à travers ses baisers. Nombreux comme les caresses d’une brise fraiche, il les sent sur toute sa peau. Depuis leur rencontre, le parfum de Tae-Hee ne l’a plus jamais quitté. Entêtant et envoutant, il ne cesse de taquiner ses narines. C’est surement ça, avoir quelqu’un dans la peau. Comme un tatouage qui s’étend sur chaque partie de son corps à mesure que le temps passe, il en sent les piqures profondes et l’encre indélébile qui s’y injecte. Tout est fait pour que Tae-Hee ne le quitte jamais. Il ne cesse de sentir sa présence, même quand il n’est pas là. Bien que le manque physique existe toujours. Il a ce besoin vital de l’avoir à ses côtés, avec lui.

Alors il murmure son amour. Des sentiments qu’il ne cesse de prouver par ses gestes, sa quête continue d’être l’amoureux parfait. Parce qu’il y’a une chose que Yael sait, c’est à quel point il est loin de la perfection. Il est un visage de poupée sans expression, un cerveau détraque, des mains maladroites. Mais avec Tae-Hee, pour Tae-Hee, il veut être meilleur.

Il sourit et tend l’alcool à Tae-Hee. Yael aime l’alcool, d’autres substances aussi. Il avait plus de contacts avec les alchimistes que le reste de chimère presque simplement pour ça. « Elles sont jolies, hein. » murmure-t-il en pointant les fleurs que son petit-ami caresse du menton. Il n’est pas peu fier de les avoir trouvés et quelques écorchures sur les doigts en valaient parfaitement la peine.

« Bien sûr qu’il est jamais trop tôt pour s’embrasser. Toutes les heures sont idéales pour caresser tes lèvres. » Mais Tae-Hee est joueur et Yael ça le fait sourire. Il descend les mains jusqu’à ses hanches et l’approche un peu plus de plus. Il lâche un grognement enfantin quand l’autre ne cesse de contourner ses lèvres. « Hm, me rend pas fou bébé, pas plus que je ne le suis déjà. » soupire-t-il, des yeux de chiots alors que ses mains glissent de ses hanches jusqu’à ses jambes, dans de douces caresses.

ouais, elles sont belles ses fleurs. c’est un peu de douceur, un peu de beauté, un peu de fraîcheur, dans ce monde de barbarie. et tae-hee est heureux. il est heureux que yael ait pensé à des fleurs. même si les fleurs, c’est éphémère, même si dans deux semaines, elle seront pourries. deux semaines, c’est long.

il peut s’en passer des choses.
en deux semaines.

alors tae-hee, il hoche la tête, il sourit. tae-hee, il sourit vraiment que devant yael. yael est assez important pour lui pour qu’il le laisse voir ce sourire. ce sourire qui exprime tout et rien en même temps. ce sourire qu’exprime tout ces sentiments mais sans les expliquer. ce sourire qu’il faudrait un guide de décodage pour en comprendre l’intégralité. parce que tae-hee, c’est pas forcément quelqu’un de simple. tae-hee, dans ce sourire, y’a aussi le souvenir des dernières roses offertes par kinam. y’a le souvenir de la chevalière, qu’il a toujours dans sa poche, poids impossible à enlever de là.
dans son sourire, y’a aussi le fait qu’il peut l’aimer tant qu’il veut, yael, ils sont enfermés sur une putain d’île. et dans trois ans, tae-hee devra partir. et où qu’il aille, il est pas certain de revoir yael un jour.
dans son sourire, y’a cette peine, cette mélancolie du futur. cette peur.

de ce qu’il y aura.
après.
sans yael.

la mort peut-être, qui sait ? qui peut savoir ? personne n’est jamais revenu ? personne ne sait ce qu’ils sont devenus. et même si, dans l’meilleur des cas, ils sont retournés sur le continent, y’a pas de moyen d’le savoir.
c’est pas comme s’ils avaient un service de poste sur l’île. c’est pas comme si le ravitaillement pouvait aider à donner des nouvelles de la famille, des amis.
il est chanceux, tae-hee. sa famille, elle est là, avec lui.
ses amis aussi. sont arrivés.
est.
arrivé.

et avec l’arrivée de kinam, tae-hee, il aurait du se sentir chanceux, de retrouver quelqu’un qu’il connaissait. et il s’est senti comme au monopoly, quand on tire une carte chance. et qu’on tombe sur aller directement en prison, ne passez pas par la case départ.
ne recevez plus d’amour de personne.

c’est l’monopoly de tae-hee. y’a pas d’argent.

mais yael est face à lui. et yael est important. yael, personne d’autre. yael.
yael.
alors tae-hee, il sourit en s’amusant. il sourit en jouant avec lui. avec son envie propre, avec celle de yael. il évite ses lèvres. il évite sa peau. il le regarde. et yael, il grogne. et c’est mignon. qu’il se mettrait à bouder que tae-hee, ça l’étonnerait pas. il trouverait ça chou. il a senti les forces de yael pour l’approcher, tae-hee. et il s’est laissé faire. parce que plus il s’approche, mieux c’est. après tout.

et yael, il parle, et il caresse ses jambes, et tae-hee, il frissonne, doucement. et y’a du monde autour, peut-être. peut-être pas, il a arrêté de regarder.
et même s’il y en a, du monde, tae-hee, il s’en fou. tae-hee, il s’dit qu’au final, y’a que yael et lui.
alors il plonge ses doigts dans les cheveux de yael, et il finit par l’embrasser. et c’est doux. mais pas tant que ça. pas violent, non, juste. juste fiévreux. alors il s’rapproche de lui même, encore un peu plus. pour qu’il puisse se coller, complètement. pour qu’il puisse sentir yael. pas juste sa présence, pas juste savoir qu’il est là, non.
non, le sentir. lui. contre son torse. et sentir ses lèvres, sur les siennes, encore, et toujours.
et pour
toujours.
tae-hee espère.
tae-hee rêve.

Des fleurs et une bouteille d’alcool. Une barre d’un chocolat au goût surement infect ailleurs mais aux allures de nectar dans l’isolement de cette île. Et Tae-Hee, à ses côtés, entre ses bras. Peut-être bien que le paradis ressemble à cela. En toute simplicité. Pas besoin de quelque chose de grandiose, d’argent ou de luxe. Ici, ils peuvent être ensemble, s’aimer. Il n’y a pas de jugement ou du moins, ils n’y ont jamais été directement confrontés. Ce n’est pas si mal. Tae-Hee lui sourit et Yael voit à travers ses yeux un monde plus beau. Il vit au jour le jour. Il ne pense à rien d’autre, que la seul, et unique, conviction qu’il aime à chaque fois Tae-Hee un peu plus que la veille. Amour qui monte en crescendo comme ses soupirs quand Tae-Hee fait en sorte de le rendre fou.

Il ne pense pas à l’après. A la séparation évidente dans trois ans. Peut-être. Yael espère toujours trouver une solution tout comme il maudit son jeune âge, il voudrait le rejoindre le plus vite possible après, si la séparation n’est pas en option.

Parce que quand Tae-Hee partira, il sera seul. Seul, sans personne. Plus qu’un amant, le jeune homme est toute sa famille. C’est son seul repère, l’unique raison qui lui donne envie de se réveiller chaque matin, sourire et respirer. Sans lui, ce serait le vide. La mort.

Il rapproche le corps chéri tant de fois au sien, grogne de ne pas se voir offrir ce qu’il quémande. Un baiser, des caresses. Peut-être plus. Ils se sourient et Yael s’amuse de sentir les frissons parcourir le corps de Tae-Hee, sa peau qui vibre sous des mains qui la connaissent à la perfection. Ses mains viennent marquer le territoire sur le bas du dos de son petit-ami alors qu’ils échangent un baiser fiévreux. Son cœur s’affole. Il joue avec les lèvres du plus vieux, mordille ses lippes avec douceur et passion avant qu’en reprendre possession. Ses doigts se faufilent sous le haut blanc et flattent son ventre plat qu’il aime tant.

« Il y’a trop de monde ici, est-ce que ça te dérange ? » C’est un murmure rapide, le souffle saccadé. Il déteste quitter ses lèvres même si c’est pour parler, il préfère rapidement les retrouver.

yael. tae-hee. le sable chaud. le tissu. l’alcool. le goût du chocolat. et rien d’autre. la senteur des fleurs, possiblement, mais non, non. même pas. parce que y’a yael. et que l’odeur de yael, tae-hee la connait par coeur. et lorsqu’il est à 100 mètres de lui, il la sent, déjà.
alors les fleurs, il les sent pas. et puis, ça l’intéresse pas. il se concentre sur les lèvres de yael. sur les mains de yael sur son corps. il essaye de se concentrer pour lui rendre la pareille. pour le faire frissonner comme il le fait frissonner lui. il l’aime. et l’amour, ça se partage.
tae-hee, il a souvent, cette impression désagréable que yael lui montre plus qu’il l’aime. que tae-hee lui fait moins comprendre. et. et il aime pas ça.
il aimerait un jour, pouvoir préparer pour yael ce que yael vient de préparer pour elle. il aimerait un jour pouvoir lui faire comprendre, ô à quel point, il est important pour lui. et important, gosh, il l’est. alors oui. parfois, parfois, il aimerait lui montrer à quel point. pas juste lui dire.
yael connaît les mots, les a entendu, souvent. mais c’est tout. quelques gestes, moments affectifs, amoureux. rien d’autres.
et à côté, yael, qui lui prépare des trucs comme ça.
non, non tae-hee est pas à la hauteur. pas encore.

alors, il met plus de pression sur les lèvres. il se dit qu’au moins, si il y a bien quelque chose qu’il prouve à yael, tout le temps, c’est qu’il le désire. plus que tout.
et il lui répond, yael. il l’embrasse, un peu plus, il s’amuse. ils s’amusent.
et qu’importent les gens autour d’eux. y’a qu’eux. qu’eux d’eux et la mer. un petit moment de bonheur, petit moment de liberté, dans cette prison.

yael passe ses mains sous son t-shirt, et ça le fait réagir. il s’contracte, il tremble, il sourit dans l’baiser. il vit à fond ce moment.
mais pas yael, yael le brise. et tae-hee lui en veut pas, non. non il lui en veut pas. il le regarde. et c’est drôle. drôle à regarder parce que, parce que, tae-hee, il a des coeurs dans les yeux quand il regarde yael. ça me dérange si ça te dérange, amour. ça me dérange pas si ça te dérange pas.

parce qu’en soit, pour tae-hee, ils sont seuls. au pire, autour, ils leur donneront un bon, joli et sexy spectacle oui.
mais s’il a la possibilité, à quelque moment que ce soit, d’être avec yael, alors il la prendra. la possibilité.
il l’embrasse de nouveau, plus doucement.
tu veux qu’on aille à un endroit où y’a moins de monde ?
tae-hee sait pas où. mais ils trouveront.
parce que pour yael, tae-hee est prêt à tout.
même à trouver l’introuvable.

L’amour, concept si fade et lointain, au début. Avant. Avant le crime horrible, avant l’île. Avant Tae-Hee et la douceur de son étreinte, la sensation agréable des battements de son cœur à son oreille quand il repose la tête contre son torse. Tae-Hee est devenu tout, l’astre autour duquel il gravite. Et sans lui, c’est la chute, dure et mortelle. Il ne voit plus d’issue à la vie sans lui, rien ne l’y rattachait au début de toute façon. C’est une excitation nouvelle d’avoir une personne à aimer, il n’a pas de manuel à suivre, pas d’expériences passées sur lesquelles s’appuyer et s’aider. Yael laisse simplement jouer son imagination, surtout qu’autour d’eux, ça ne grouille pas de couples durables desquels s’inspirer. Ils sont surement la plus longue relation amoureuse ici. Alors il se contente d’observer Tae-Hee, espérer réussir à découvrir les choses qu’il apprécie le plus pour ne cesser de les lui offrir.

Il se donne entier pour cet homme. Tae-Hee pourrait lui demander n’importe quoi, il n’y penserait pas à deux fois avant de le lui offrir. Ses yeux, sa bouche, son âme. Tout lui appartient déjà. Et Tae-Hee était enfoncé au plus profond de lui, comme les épines d’une rose.

Il revient à lui. Il a besoin de ce contact physique, l’avoir avec lui, à lui. Toujours. Ses lèvres contre les siennes les taquinent avec passion. Le monde n’existe pas. Juste Tae-Hee et le bruit des vagues au loin. La brise qui le fait frissonner, ou peut-être est-ce simplement les doigts de son petit-ami qui glisse sur sa peau. Ils l’ont fait tellement de fois déjà, Yael ne saurait même pas les compter. Pourtant, chaque caresse à le goût d’une première fois, comme s’ils se découvraient à peine alors même que leurs chairs se connaissaient à la perfection.

Il aime sentir la peau de Tae-Hee sous ses doigts, le sentir se tendre. Trembler pour lui. Il a un sourire. « On ne sera pas très avancé alors, parce que moi non plus, ça me dérange pas si ça te dérange pas. » Il sourit, revient prendre possession des lèvres qui l’appellent.

Yael s’arrête, réfléchit comme il peut. Prend une longue gorgée d’alcool et la tend de nouveau vers son petit-ami, il ne faut pas la gâcher. « Viens. » finit-il par dire en se relevant et tendant la main vers le plus vieux.

Il prend le bouquet et le drap avant d’entrainer Tae-Hee à sa suite. Un peu plus loin, toujours la plage mais près des rochers. Plus à l’abri. Il laisse tomber le bouquet et remet le drap d’un geste maladroit avant de finalement se retourner vers Tae-Hee, souriant timidement en reprenant ses lèvres. Ses mains empreintes de tendresse s’affairant à l’alléger de ses vêtements.