rhys † empty soul, empty body, empty human

" Nos cicatrices ont le mérite de nous rappeler que le passé n’a pas été qu’un rêve. "
◊ Tu es né dans une famille galloise aisée. Tu es enfant unique et n’a jamais manqué de rien. Tu aimes être le centre du monde et tes parents te le rendent parfaitement bien. Tu as tout ce que tu désires, au point d’en devenir capricieux. Tu te plais à être enfant unique, à n’avoir à jamais partagé tout ce que tu possèdes. On répond à tes désirs quand tu le demandes. Tu n’attends pas.
◊ Tu as toujours tellement idéalisé tes parents, que tu n’as pas vu venir les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer. T’ignorais tout de leurs métiers, de ce qu’ils faisaient de si bien pour te faire vivre. Tu ne savais pas qu’il avait contracté autant de dettes pour te permettre d’avoir ce train de vie d’enfant roi.
◊ Cette nuit là, tu ne t’attendais pas à ce que ta vie change aussi violemment. Des inconnus ont pénétrés les lieux, ont violés votre intimité, ont tout saccagé.  Témoin clef de cette violence que tu découvres et qui deviendra pourtant ta référence. Pourquoi avoir été épargné de ce massacre ? Tu n’en sais rien. Tu aurais pourtant voulu qu’ils t’achèvent avec tes parents. Tu es pourtant resté là, recouvert de leurs sangs, baignant dans leurs sangs au milieu du salon. Tu as tenté de te relever, d’atteindre le téléphone pour prévenir les secours. Glissant en pyjama dans l’hémoglobine, manquant de t’étaler sur le cadavre de ta mère, tu as attendu, patiemment, que quelqu’un vienne. Ils sont arrivés dans la matinée, quand l’école s’est inquiété de ne pas te voir, de ne pas réussir à contacter tes parents.  
◊ Tu as été pris en charge par les services sociaux. Coupé de tout ton quotidien passé. Tu as pris tes quartiers dans un foyer. Mais l’attention qu’on pouvait te porter s’est dissipée. Alors que tu avais eu l’habitude d’être le centre du monde, tu n’étais plus rien, pour personne. Un adolescent parmi d’autres. Un adolescent torturé qui doit mettre de côté ses angoisses et ses traumatismes pour se prendre en charge. Et ça, t’étais pas prêt. T’as été balancé dans le monde des adultes sans y être préparé, sans être accompagné. Etre attentif à l’école, être travailleur, t’avais pas envie. Alors t’as lâché. Tout lâché. Pour faire des conneries. Pour faire en sorte qu’on te regarde, qu’on s’intéresse enfin à toi.
◊ T’as arrêté l’école dès que t’as pu. Et t’as été foutu à la porte du foyer dès ta majorité. A la rue, sans avenir. Tu t’es focalisé sur ta survie. Tu t’es entouré, ces gens du milieu, ces gens qui n’ont parfois connu que ça. Et pour survivre, on vole ce qu’on peut pour ne pas mourir, de froid, de faim, de déshydratation. Et il y a la misère qui gagne ton être et cette volonté de survivre qui déploie les instincts les plus primitifs. Pour survivre, tu ne dois pas te faire voler ce que tu as toi même bien mal acquis. Alors tu te défends. Tu te bats. Tes poings sont ta meilleure arme. Alors entre la violence, les vols, tu alternes la vie en prison et la vie dans la rue. Tu y prends goût à la prison. Parce qu’au moins, tu dors au chaud, tu manges à ta faim, et tu te douches tous les jours.
◊ Ton homosexualité passera majoritairement inaperçue. Comme si c’était bien la seule chose que tu réussiras à garder en vie privée, que ce soit dans la rue ou en prison. Peut être que jusqu’à ton arrivée sur l’ile, la seule personne qui l’aura su, c’était lui. C’était ton codétenu. Une détention difficile à vivre du début à la fin. Tu ne pensais pas qu’il était possible d’être à ce point sous l’emprise de qui que ce soit. Il te donnait la sensation de te protéger. Comme si tu avais besoin de protection, alors que t’étais un habitué de la prison. Il y avait ces gestes que tu interprétais comme de l’attention alors que ce n’est pas la norme. Tu subis. Ce qu’il désire. Où il veut. Quand il veut. Tu ne poses pas de question. Tu subis. Comme une règle de vie, sans te poser la question de ton désir à toi. Une violence psychologique autant que physique. Endurer. Prendre du plaisir dans la dureté d’un coït non consensuel. Des mois. Les surveillants savent. Difficile d’ignorer. Tu es moqué. Et alors qu’il te promet la protection, il n’en est rien. Tu te sens sans défense, bien pire que dans la rue.
◊ Tu l’as préparé, ce coup. Impossible de dire le contraire. T’as taillé ce bout de ferraille dans le but d’en faire une arme pendant des semaines. Parce que tu pouvais plus. C’était plus fort que toi. Comme si la réponse la plus saine pour que tout s’arrête c’était qu’il disparaisse, qu’il meurt. Ca n’a pas été aussi facile que tu l’imaginais. Tu aurais voulu faire ça dans son sommeil. Au lieu de ça, t’as décidé de te défendre, en plein jour. L’affrontement a été violent. Tu n’en es pas sorti indemne. Mais comme si l’histoire se répétait, on t’a retrouvé, gisant dans son sang à lui. Et tu t’es revu, dans le sang de tes parents. Sauf que cette fois, tout est de ta faute.
◊ On ne t’a pas demandé ton avis. C’était un test. Tu étais le crash test du pays. L’envoie d’un délinquant sur cette ile à l’autre bout du monde. Tu te souviens pas du voyage. Seulement d’avoir ouvert les yeux dans une énorme boite, avec d’autres. Le seul britannique. L’angoisse d’avoir été envoyé à l’état sauvage. Comme une évidence, ils t’ont recruté chez les chimères. Pas question de te faire prendre les armes, comme si ta fougue était un atout de charme, pas de précision. Comme si ton satyriasis se lisait sur ton visage.