[Intrigue n°2] Storm (kyung hong & sa rang)

Le vent souffle sur la petite île. Il souffle beaucoup même. Les arbres sont bas. Très bas. Le haut des arbres touchent presque le sol. Et y'a des gens, sans rire, sans image ridicule, qui s'envolent. Réellement. Leur pied décollent du sol, et ils s'envolent. Vers d'autres cieux. Et y'a les sages. Les sages, ils réfléchissent, se regardent. Et ils finissent par se mettre d'accord. « Suivez-nous ! » Et ils emmènent les gens qu'ils croisent dans les tunnels. Et ils les protègent. Et ils leur dévoilent le plus grand de leur secret.


Il sait pas ce qu'elle est venue chercher dans cet endroit qu'est presque considéré comme le sien. Il sait pas. Mais il sait que dehors, ça sent pas bon, que dehors, ils seront pas en sécurité. Alors il s'est enfermé, avec elle à l'intérieur, aussi. Y'a bien les tunnels, mais même s'il en veut à son parfait mentor, il trahira pas son secret. Alors il s'est enfermé, à clé, dans la pièce qui lui sert de labo. Et la pauvre boxeuse est là, avec lui, enfermée. Il a pas dormi depuis plusieurs jours, il est shooté, et bloqué sur une formule. Il est calme. Elle l'est moins. Ils sont enfermés. Et s'ils se décident pas bientôt à rejoindre les tunnels, ils mourront. Tous les deux.

Je ne suis plus sûre de la raison qui m’a menée jusqu’au labo de Kyung Hong. Je voulais le voir pour lui parler des pilules puis le vent s’est levé. Trop fort. Une tempête j’en mettrais ma main à couper. J’ai comme eu besoin d’aller voir la seule personne encore capable de me rassurer. Capable de me dire si je suis complètement stone ou s’il se passe réellement quelque chose d’anormalement dangereux dehors. Enfermée dans son laboratoire je tourne comme un lion en cage. Lui a l’air…normal. Comme toujours. J’entends le vent hurler à l’extérieur. Je n’aime pas ça. Vraiment pas. Je ne sais même pas comment je fais pour rester calme. Extérieurement je veux dire. Parce que mes pensées filent bien trop vite pour que j’aille bien. J’arrête de tourner et le regarde. «  Il ne faut pas qu’on reste là. » Je le supplie du regard. Allé Kyung Hong je suis complètement paumée et je ne partirais pas sans toi.

Sa Rang était là, avec moi. J'avais entendu le vent se lever, profitant de sa présence pour fermer les portes du labo à clés. Le vent semblait violent, ses couleurs étaient différentes, plus criardes et le son de ce dernier qui tapait contre la taule des hangars était similaire à des coups de feu. Nous allions mourir. J'en étais presque certain. D'après moi, l'île pouvait se débrouiller sans nous. Deux criminels de plus ou de moins quelle différence. Hors de question que l'on bouge. Peut être qu'avec un peu de chance, les murs ne nous tomberont pas dessus mais au cas où, j'écrivais dans un carnet tout ce que je savais concernant la fabrication de méthamphétamine. Si un lion retrouvait mes notes, peut être qu'il pourrait la déchiffrer et avec un peu de chance, si mon corps n'était pas trop abîmé, il pourrait extraire mon sang pour créer les dernières pilules magiques.
Je reniflais par réflexe, mes narines étant pleines de cocaïne. Cela faisait des jours que je n'avais pas fermé l’œil, mon seul moyen de tenir encore debout étant la poudre blanche. "C21H23CIFNO2 contre C10H15N, en équilibrant les molécules ça donnerai..." Je parlais à moi-même, gribouillant des schémas ainsi que des calculs, cherchant à extraire les neuroleptiques de mes pilules. Je n'avais pas encore trouvé le moyen d'extraire les molécules directement dans mon sang alors c'était mon dernier espoir. Peut être qu'ainsi, l'île pourrait enfin avoir des neuroleptiques puissants pour aider ceux qui se trouvaient dans la même situation que Sa Rang.  D'ailleurs, la jeune fille semblait calme malgré le vacarme qui nous entourait. Sa seule requête, partir. Je levais la tête de mon carnet, reniflant encore. "Et on irait où? Hein?" J'étais sur les nerfs à cause des produits que j'avais consommé mais pas que, la mort nous guettait. Le seul endroit sur de l'île était les tunnels mais j'avais promis à Hyun-Ki de ne jamais révélé leur existence. Alors je faisais comme s'il n'y avait pas d'espoir, préférant vivre dans la peur de mourir plutôt que de trahir son secret.

J'ai peur. Ces mots tournent en boucle dans ma tête. Je deviens folle à lier. Pourtant je ne tremble pas. Je suis stoïque. Mais la réponse de Kyung Hong me  liquéfie. Je sais que je ne vais pas tenir. Sa façon de réciter avec frénésie ses formules me glace. Et me voilà bête. À ne plus savoir quoi répondre parce qu'il sait que je ne connais pas la réponse. Seulement le vent semble s'intensifier. Nous allons mourir. C'est ça. Et je ne peux plus rester à attendre. « Je sais pas. » je parle sèchement mais la panique s'entend dans ma voix. « Vers les collines. Il doit bien y avoir des grottes, quelque chose comme ça. » A vrai dire je n’en sais rien. Je dis ce qui me passe par la tête tout en ayant conscience que ça n’a pas vraiment de sens. Je ne dis jamais rien de sensé. Je suis sûre d’une chose : je ne veux pas rester ici. Je ne veux pas attendre la mort. Quand bien même ma disparition serait plus bénéfique à l’humanité. « Kyung Hong. » Je supplies d’une voix pressante mais anormalement douce.