Beautiful — [Sa Rang] ♥

« Et il savait qu’il n’avait pas le droit d’être là; Ji-Young. Ce lieu n’était pas pour lui, par pour les dommages collatéraux — pas pour ceux de son espèce. C’était le repère des magiciens, des plus tarés des tarés. De ceux qui avaient tué, qui étaient coupables de ce dont on l’avait accusé.
Mais il ne regrettait pas; non — d’avoir défié ces quelques personnes, d’avoir joué de sa liberté. Car ce qui s’étendait devant lui n’avait pas de prix. Aucun coup, aucun sentiment de sécurité ne pourrait un jour valoir cette immensité de bleu.

Cet mer s’étendant sur des kilomètres durant — ces reflets étranges; cette eau miroitant. Et tout ce bleu; oui — ce bleu du ciel, ce bleu océan. Il n’y avait plus de haut ni de bas; juste un tableau lui faisant face.
Un infini.

Ça l’émouvait, de voir ceci. Lui faisait penser que, peut-être, tout n’était pas fini. Que si il y avait encore de si belles choses sur terre; à ses côtés — alors… Alors il avait encore une chance. De ne pas se perdre, de trouver d’autres tout comme lui. Enfin. Peut-être était-il trop ambitieux, idéaliste; juste.

Peut-être était-il trop perdu.
— Il avait tant envie de se jeter, d’ailleurs. De ce bout de falaise; pour voir si il pouvait voler. Peut-être réussirait-il, qui savait ? Pour une fraction de seconde.
Peut-être même se réveillerait-il de ce rêve dans lequel il était plongé; depuis qu’on était venu le chercher. Depuis qu’on lui avait dit qu’il était coupable — depuis qu’on l’avait inculpé, condamné.


Il avait inspiré. S’était rempli les poumons de cet air marin; avait apprécié le vent battant tout contre son visage. Et il ne comprenait pas pourquoi un si bel endroit appartenait à de telle personne. Il avait exploré une bonne partie de l’île; ces derniers jours — s’était aventuré sur des territoires ne lui était pas destiné. Mais toujours, oui; toujours il avait réussi à cerner pourquoi cette parcelle appartenait à telle ou telle personne. A tel ou tel groupe.

Mais ça ? Il ne comprenait pas.
Peut-être que même les plus meurtris, les plus fous; oui — peut-être que même ces personnes-ci avaient besoin d’un tel paysage. D’une once de sérénité dans l’ouragan total qu’était leur esprit.

Il n’osait pas s’asseoir, d’ailleurs. Profiter pleinement de ce qui s’offrait à lui. Car il conservait cette peur, nouvelle; ancrée dans son âme depuis ces quelques semaines passées ici. Que ferait-il, si il était surpris ? Jouerait-il à être ce qu’ils étaient tous ? Jouerait-il sa peine ? Sa sentence ? Mentirait-il ? Disant appartenir à eux — disant être des leur ? Leur bâtiment n’était même pas loin; on pouvait en discerner les contours brisés. Alors que lui, un peu à l’écart; se tenait sur ses pieds — sa pièce d’univers, morceau de corniche.

Pouvait-il seulement se trahir ?
Avait-il déjà trompé ?
Il n’en était pas si sur.

Alors il était resté là; à contempler le vide. La mer, le ciel. A ne voir que trop rien.
Le reflet de ce qu’il était; l’inconnu qu’il devenait.
Il avait peur, Ji-Young. Si peur de ne plus être personne — de ne plus être lui.
De ne plus exister, de n’avoir plus qu’un nom sans sentiments.
Sans souvenirs.

Ji-Young se sentait crevasse.
Corps échoué; il n’avait réalisé que trop tard son ignorance. Aussi s’était-il perdu entre deux ourlets; devenant qu’un reflet de sa propre image. « Merci. » Et sa voix s’était faite vague; épousant les remous océans — cet infini qui s’étendait devant lui. Il se sentait ému; il se sentait tant de choses oui.

Il se sentait si fort qu’il ne se sentait plus.
Plus rien — plus personne.
Il n’était plus qu’un corps.

« Je — ne sais pas vraiment. Je ne suis pas là depuis longtemps. » Et il hésitait entre mentir et jouer ses cartes; jouer sa personnalité. Alors il s’était passé une main dans ses cheveux; ouais — et s’était tourné vers la source de bruit. Vers cette sans doute magicienne, aussi. Ses yeux s’étaient plantés sur son visage; et il n’avait pu s’empêcher de la trouver belle. Enfin. Qui était-il pour juger ? « Vous vivez dans un beau coin. De ce que j’ai vu jusqu’à présent; je pense que c’est mon préféré. » Il ne savait pas trop si il avait le droit d’entamer la conversation ainsi. Peut-être finirait-elle par lui en mettre une; et lui dire de dégager. Peut-être le traiterait-elle de taré, aussi; de perché — de perdu.

Elle n’aurait pas si tort, d’ailleurs. Il était si décousu; à remercier, commencer quelque chose pour finir par s’en aller vers une autre. Il était comme une brise; glissant contre les peaux pour s’envoler au loin. Mais il persistait, ouais — continuait. Comme si il ne voulait accepter son sort. Des fois il avait juste envie de croire que tout cela n’était qu’une illusion.

Qu’au final ils n’étaient que des gamins.
Des gens abandonnés; en marge de la société — qui savaient parler. Qui restaient des hommes; des femmes. Qui restaient des coeurs battant. Alors pourquoi ne pas essayer ? « Merci. Et pardon. J’imagine qu’il me faut un certain temps pour m’acclimater. Tu es là depuis longtemps ? »

Il était fou.
Fou de la traiter ainsi. Comme une personne normale — comme une personne avec une âme. Mais il se refusait de penser autrement. Et peut-être que; oui; cela leur ferait du bien. Peut-être y avait-il encore de l’espoir.
Il était si naïf.

« What I’m even saying haha. Je ne sais même pas si j’ai le droit de poser ce genre de questions. J’aurais également aimé te demander ton nom mais — je ne sais pas. Pardon, et; merci. » Son rire nerveux avait résonné sur la corniche alors qu’une de ses mains était allée se perdre derrière sa nuque. Mais il n’avait pas bougé, était juste resté là; lui faisant face.

Il ne savait pas même quand il était supposé partir, s’en aller.
Car il l’aimait bien; ce sentiment. Ce vent — ce paysage.
Cette paisible illusion de n’être qu’à un saut de la liberté.

merciii:

« Il aurait voulu saisir ses mains; lui dire merci.
Il aurait voulu lui dire qu’elle était belle, belle dans sa violence; dans son silence. Il aurait voulu lui dire tant de choses; oui. Mais il n’avait rien dit, car il ne savait pas — car il ne savait rien. Car il était cet être perdu qui ne méritait rien.

Il était Ji-Young, il était le vent; le gris. Il était l’oubli.
Il était celui qui ne resterait pas, celui qui s’effacerait contre les parois; contre les roches — il serait cet être s’évaporant tout contre l’océan. Il ne resterait que son corps, que l’image floue d’un souvenir. Mais il se promettait; oui. De ne pas les oublier — eux. Ceux que tous avaient reniés, jetés ici. Ceux qui n’avaient plus rien que cette île; et leur folie. Il avait mal, mal d’un tel jugement. Comment le système judiciaire Coréen avait-il bien fait pour s’écrouler de la sorte ? Avant il y avait toujours cet espoir; cette possibilité d’échapper à son destin, à ses fautes. Il y avait cette possibilité de se repentir ; de revoir les êtres aimés.

Il y avait cet espoir d’avenir — ce coeur battant.
Mais eux, eux resteraient là. Et quand il y réfléchissait… Il savait. Savait qu’ils ne reviendraient pas. Savaient qu’ils périraient. Car certains d’entre eux avaient tout perdu — dont la raison. Car ils jouissaient à présent de la violence, et riaient du malheur des autres. Ça le déchirait, Ji-Young; ça l’effrayait.

De savoir que l’homme pouvait être si horrible, si hideux.
De savoir à quel point l’homme pouvait-être si inhumain. Si rien — si objet et déraison.

« J’ai longtemps hésité. » Avait-il fini par avancer, le regard absent. Il ne la regardait pas; non, se contentait de fixer le lointain, s’oubliant. Il parlait comme de ces vieilles âmes; de ces êtres ayant vécu des années, ayant tout connu. « Je crois que j’hésite encore, d’ailleurs. »

Ji-Young l’incertain — Ji-Young le refrain.
De ceux qui ne se ressemblent pas.

« Je crois que c’est peut-être un peu fou; que je m’avance ainsi, que je te parle de tout ça. Je crois que je suis fou. Mais tu sais quoi ? J’aime ça. » Elle ne l’avait pas frappé, ne l’avait pas jeté. Et il avait senti en elle ce genre de paradoxes étranges : un mélange de violence, de coups; de connaissances — et de douceurs, de blessures qui ne guériraient pas. C’était un peu ça; oui. Sa Rang ressemblait à une cicatrice. Elle était belle, elle était cette eau qui dort; pouvait à tout moment tourner tempête. Mais elle semblait blessure, mais elle semblait femme — elle semblait elle. Elle semblait encore ce qu’elle était; et il trouvait ça beau.

Il aimait son prénom; d’ailleurs. Si proche de l’amour — elle avait un nom qui forçait l’affection. Peut-être était-ce ça; oui; qui l’influençait ainsi. A parler, à se confier. « Des fois je me dis rejoins un gang, Ji-Young; et tu auras un semblant de famille, tu seras en sécurité. Puis d’autres; d’autres je me rappelle de mes valeurs, de ce que je suis. Et je me dis qu’en allant dans un gang; je devrais peut-être renoncer à une part de moi-même. Alors je ne sais pas. » Il avait déjà tant de mal à rester entier, alors si il choisissait de lui-même de s’amputer; qu’arriverait-il de lui ?

Il lui avait dit comment il s’appelait, aussi.
« Mais peut-être que la solitude me perdra avant. Alors je ne sais pas. Je ne crois pas que ce soit tant une envie de sécurité. Je sais me défendre; tu comprends. Comme toi, d’ailleurs — regarde tes poings. Il y a ces choses dans ta façon de te tenir qui ne trompent pas. Mais je crois bien que c’est cette envie de famille; cette envie d’appartenir à quelque chose qui me fait faiblir. » Et il avait beaucoup parlé; Ji-Young. Beaucoup trop, sans doute. Il lui avait dévoilé tant de choses; tant d’indices. Sa nature, ses secrets; ses atouts. Même ses hésitations.

Mais peut-être l’avait-il choisi, oui. Acte délibéré.
Car ainsi; tant bien même s’oubliait-il; elle, n’oublierait pas.
Et il ne voulait pas; non. Disparaitre.
Il voulait exister, perdurer.
Aimer.

« Je ne suis pas un expert du combat — alors je ne sais pas. » Et il lui avait souri un peu maladroitement, Ji-Young. Car il n’aimait pas se vanter, car il n’aimait pas se démarquer. Car il ne désirait que l’amour et la tranquillité : c’était un être humble, compreniez-vous. Alors jamais oui jamais il ne voulait faire de remous. « J’ai pratiqué le self-défense pendant quelques années donc; c’est peut-être pour ça ? Mais je ne suis pas quelqu'un d’exceptionnel, loin de là. »

Il n’avait fait qu’obéir à sa mère, n’avait fait que gagner quelques compétitions. On lui avait toujours reproché son air un peu absent; qui pourtant oui pourtant lui avait permis tant de fois de s’en sortir; d’échapper aux dures emprises. Car qui se souciait, qui se montrait alerte face à lui ? Il n’était qu’un homme; d’un corps doté d’une âme — il n’avait rien de menaçant.

Ji-Young et son regard ailleurs — et sa tenue détachée, quelque peu en vrac. Combien de fois l’avait-on pris pour tête de turc dans les ruelles, le soir ? À se dire qu’un billet ou deux en moins dans son porte-feuille ne lui serait pas fatal — à se dire qu’il ne ressemblait à rien. Ji-Young le pas méchant, oui.

Et pourtant; on ne jetait pas des années d’apprentissage dans le vent.
Il en avait pleuré, sué — il s’était fait frapper; puis on l’avait étranglé. Il se souvenait de ses premiers cours; de ceux ou sans pitié on l’avait mis à terre, et ridiculisé d’une clef de bras particulièrement désagréable. Il se souvenait de sa mère, anxieuse; les traits tirés le regardant être faible. Alors il avait retenu ses larmes, s’était dit qu’il fallait qu’il tienne bon. Car tant bien-même jamais ne chercherait-il à être de ces êtres puissants; il devrait être fort, oui. Non pas pour lui, mais pour elle. Pour pouvoir la défendre, l’aimer; la protéger — pour la rassurer.

Il avait persévéré, pris de l’endurance; avait minci, aussi. Puis enfin il avait été de ceux mettant au sol, de ceux roulant sur le coté; attrapant pan de jambe et neutralisant directement. Il avait appris les points fatals, comment ruiner une vie. « Enfin, je pense que nos apprentissages ont été très différents. Tu te bas plus avec tes poings; de ce que je vois. Moi, je ne fais que dévier; avant d’attaquer. »


Elle était la force, l’attaque — elle était de ces lions pouvant rugir. Lui n’était qu’une ombre, qu’une trainée de brume. Il n’était pas particulièrement intéressant, ni compétant. Enfin. Peut-être n’était-il plus temps de se dévaloriser, sur cette île. Lorsqu’on savait que dans votre sommeil; l’on pouvait venir vous assassiner. Lorsqu’on savait, oui; que ceux mangeant autours de vous avaient tué. Il était temps qu’il assume cette partie de lui longtemps refoulée; car c’était sans doute le seul moyen pour qu’il puisse continuer à vivre.


A être; aussi — Ji-Young.
Car les faibles ne pouvaient rester ici, ou du moins; seuls. Or, il n’avait personne. Alors il se devait de se redresser, de riposter; il se devait d’accepter la violence puis de la rejeter, de la renvoyer. Il devait prouver qu’il fallait quelque chose; pour qu’on le laisse paisible.

Il ne demandait pas plus; non.
Juste la tolérance.

BLAND

Je l’écoute parler en silence. C’est comme si la houle et le fracas des vagues contre la côte nous englobaient. Comme si nous étions dans un cocon de vent et de sel. J’oublie peu à peu que cette discussion est complètement hors norme. Une magicienne. Un épouvantail qui plus est. Sur son territoire. En train d’échanger avec un sans gang venu se perdre dans un endroit qui lui est pourtant défendu. Mais ça je m’en moque bien. Parce que Ji Young a réveillé quelque chose au fond de moi. C’est comme s’il s’adressait à la combattante qui est en moi. Pas pour se battre, bien au contraire. Mais le fait d’avoir trouvé quelqu’un capable d’en parler sans qu’il roule mécaniques et me promette une raclée est… rafraichissant ? Je ne comprends pas vraiment le sens de ce mot mais elle l’utilisait. Et moi j’ai bêtement attrapé certains de ses tics de langage. Et je les garde, je les chéries. Comme un moyen de plus pour la garder près de moi.

C’est vrai qu’au premier abord il ne donne pas l’impression de savoir se battre. Son air absent a de quoi tenter. Il faut se méfier de l’eau qui dort. J’en suis le meilleur exemple. Moi. Jo Sa Rang. La fille pas très grande, pas vraiment bavarde, à l’aura franchement pas imposante. Cette apparence que j’affectionne tant parce que justement j’ai l’air faible. Et que rien n’est meilleur que de lire sur leur visage l’incompréhension et la honte de s’être fait mettre en pièce par une fille à l’allure presque frêle. C’est tellement plus beau et jouissif qu’une figure déformée par la douleur. Frapper juste pour frapper ou faire souffrir n’a aucun sens.

Je regarde mes points marqués de rouge et ne peux contrôler un léger rictus en observant les vestiges de mes récents combats. « Plus jeune je m’entraînais pour devenir boxeuse professionnelle. » Je ne dis pas ça pour impressionner ou faire peur. Je ne veux pas le mettre en garde de quoi ce soit. Ce garçon me cerne étonnement bien. Elle disait pouvoir lire en moi comme dans un livre ouvert. Il n’y a aucune animosité dans notre échange. J’ai le sentiment de pouvoir lui parler de ce passé que je regrette tellement. Ou plutôt j’ai envie de pouvoir lui en parler. Parce que quelque chose me dit qu’avec Ji Young je peux. J’ai envie de lui accorder ma confiance au moins sur ce point-là. Parce qu’aborder une partie de son ancienne sur cette île c’est comme faire confiance, en quelque sorte. Je ne suis pourtant pas intuitive. Mais aujourd’hui je ne fais rien qui me ressemble.

Je crois que la mer, le vent et ce calme plat à l’intérieur me rendent nostalgique.

Spoiler:

« C’est dur, n’est-ce pas ? » Avait murmuré Ji-Young, dévisageant Sa Rang d’un air un peu absent. Aussi ne savait-il pas lui-même de quoi parlait-il : de se retrouver ici, alors qu’ils avaient connu quelque chose ce concret, avant ? De renoncer à une partie de leurs rêves, de leur être ? Ou le sport en lui-même ? Se passant les mains dans les cheveux, il avait réprimé un petit rire; lasse de sa vie ici — « La boxe est un des sports de combat demandant le plus de préparation physique, j’avais quelques amis qui en faisaient à haut niveau; c’était plutôt ahurissant. »

N’était-ce pas étrange ? Que de parler aussi facilement ? Que de se souvenir du passé, chose qu’ils étaient voués à oublier, à présent ? Enfin. « De mon côté, j’étais spécialisé dans le Ju-Jitsu. Quand on parle de self-défense ces derniers temps; les gens pensent directement au kravmaga, mais bon… J’imagine que ça se voit en me regardant, que ce n’est pas mon style. » Et puis, quel était l’intérêt; hm ? Apprendre à détruire une vie, à casser les genoux; tordre et rompre le tendons ? Ce sport en était-il vraiment un ? N’était-ce pas plutôt une forme de massacre, l’apothéose de la colère ? Se défendre était une chose, briser une vie à tout jamais en était une autre — il fallait savoir se montrer responsable, non ? Qui voulait endosser la mort d’un homme, vivre dans le tourment de cet acte qui jamais ne s’effacerait ?

« Ça te manque ? La compétition, je veux dire. Se mesurer à des adversaires de taille, faire face à un être prêt à se battre; mais aussi à faire preuve de respect ? Savoir que toujours, il faut se méfier de l’eau qui dort. » Combien de fois les gens s’attaquaient-ils aux plus fins, plus petits et plus fragiles — pensant qu’ils n’en seraient que des proies plus faciles. Combien de fois, aussi; oui, les journaux avaient relaté qu’une bande de voyous s’était faite terrasser par leur propre victime. Il fallait arrêter de croire que c’était les grands et puissants qui savait se battre, et arrêter de juger l’être à son apparence seule. Pourquoi les gens étaient-ils si simples d’esprit ? Pourquoi le physique était-il la politique actuelle de tant de nations ? Pourquoi toute ces consommations, cette théorie du paraitre ?

Pourquoi un homme s’habillant simplement avait-il moins de valeur que celui criant vêtements derniers cris ? Pourquoi ne cherchait-on plus, oui; à reconnaitre la personne pour ce qu’elle était, et non pour ce qu’elle semblait représenter ? Pourquoi fuir sa propre enveloppe charnelle, venir à se détester et se changer ? Où s’était donc enfui l’amour, le simple — et véritable ? Devait-on réellement optimiser sa surface et ménager son intérieur, ses valeurs ? N’était-ce pas comme ça, pourtant; que l’on créait les pires individus ? Ceux du superficiel, méprisants et haïssants : ceux ne voulant jamais, non; venir en aide à ceux en ayant le plus besoin.

Qui avait donc décidé que l’altruisme n’était pas bon ? Pour le commerce, pour la survie ? Qui avait jugé que l’essence même de l’homme, oui; n’était plus bonne à cultiver ? Pourquoi, d’ailleurs; avoir décidé de créer cette île ? N’était-ce pas une forme de sentence de mort ? Que de juger une personne sans se remettre une seule seconde en question, que de l’envoyer sur une île; que de lui donner à la fois liberté et… L’abandonner ? Ce devait être ça, oui; la société actuelle n’était plus responsable. On ne voulait plus faire face à ses jugements, ne voulait plus porter le fardeau du marteau tranchant la sentence : on ne voulait plus voir, oui; la preuve physique de ses choix.

L’humanité était devenue bien lâche. Enfin.
« Quelle ironie, ne trouves-tu pas ? Que de nous envoyer dans un lieu où tout n’est qu’apologie de la violence ? » Rire absent, oubliant d’être amer. Regard se perdant dans le flou, le vide de l’océan; et revenant oui — tout contre elle. Sa Rang, jeune femme si différente de ce qu’il était; et pourtant si ressemblante : « J’aurais aimé te voir, oui; sur un ring. J’aurais aimé te voir briller, comme tu dois le faire à présent; dans l’ombre. »

Tout n’avait été qu’un soupir, dans sa voix; qu’un propos effacé : « Sa Rang. »
Il n’oublierait pas, non.
Son nom.

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